Le développement de la France passe par son approvisionnement régulier en produits énergétiques et miniers dont la production est désormais sous forte contrainte et l’acheminement menacé par de nouveaux risques en matière de sécurité. Les ressources stratégiques, gaz et métaux rares principalement, doivent faire l’objet d’une protection accrue pour garantir la continuité et la sécurité de leur approvisionnement et éviter que des crises les concernant n’affaiblissent notre position.
La sécurisation des approvisionnements stratégiques
Securing strategic supply lines
Continued growth in France greatly depends on a regular supply of energy and mineral resources, production of which is today under considerable pressure. Moreover, their transport is increasingly under threat from new risks to security. Strategic resources—principally gas and rare metals—warrant improved protection to guarantee the continuity and security of their supply chain, and to avoid our position being weakened by any disruption that might occur in it.
Si la problématique de l’accès aux ressources n’est en soi pas nouvelle, elle a pris avec la mondialisation, la financiarisation à outrance du capitalisme, la montée en puissance des technologies numériques et l’intensification de la compétition entre grandes puissances une tournure toute nouvelle. Des matières hier encore jugées sans valeur sont entrées soudain dans le champ des ressources stratégiques redessinant par là même la problématique des approvisionnements et de leur sécurisation. À côté du gaz et du pétrole, ressources clés du XXe siècle autour desquelles s’est dessinée la politique de domination des principales puissances ayant successivement prétendu au leadership mondial (dans l’ordre de leur domination historique : Royaume-Uni, Reich allemand, États-Unis et Union soviétique), des ressources nouvelles ont ainsi fait leur apparition. Pour avoir été longtemps tenues pour mineures, elles jouent depuis quelques années un rôle crucial dans la structuration des industries de pointe des économies développées et pèsent de façon parfois décisive sur le développement futur de leurs pointes de diamant industrielles et le maintien de leur avancée technologique. L’uranium, le coltan, le titane, les terres rares sont ainsi venus allonger la liste des minerais jugés jusqu’alors stratégiques et compliquer un peu plus encore la vision que nous pouvons nous faire du tableau des ressources vitales pour le développement de la France.
La question de savoir quelle ressource est stratégique renvoie du reste à celle plus complexe encore sans doute de savoir ce qui est stratégique. Or, là encore comparaison n’est pas raison. Ce qui vaut en matière militaire ne vaut pas nécessairement en matière économique. Et ce qui vaut au plan de l’énergie ne vaut pas nécessairement au plan minier. Chacun de ces mondes obéit en effet à des lois propres dont l’expression et les règles d’application dépendent de manière fondamentale de la nature de la ressource considérée, de la structure des marchés sur lesquelles elles s’échangent, des rapports de force existant entre les puissances qui les produisent, les commercialisent, les achètent ou les consomment. D’où une cartographie spécifique des risques et des menaces qui peut changer du tout au tout selon la ressource considérée et prendra des formes très différentes selon que la matière analysée relève du secteur de l’énergie (pétrole, gaz, uranium), du secteur de l’industrie lourde (fer, cuivre, cobalt, chrome, aluminium, acier) ou du secteur des industries de pointe (titane, palladium, indium, terres rares…).
Distinguer les hydrocarbures des matières premières minérales
En matière d’approvisionnements stratégiques, il convient de distinguer nettement la situation des hydrocarbures de celle des matières premières minérales.
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