C’est à une tentative d’interprétation des lignes de partage et de fracture stratégiques qui tendent à organiser la planète du début du XXIe siècle que nous convie l’auteur. À partir d’une analyse géostratégique de la configuration qui a suivi la fin de la guerre froide et de l’action de l’Alliance atlantique sous inspiration américaine, il théorise une grille de lecture originale qui met en scène les points chauds de la mondialisation.
La stratégie des dominos au XXIe siècle
The Domino Theory in the twenty-first century
The author attempts to define the strategic fault lines that the twenty-first century world is creating. Using a geostrategic analysis of the reshaping which has developed following the end of the Cold War, and of the American-led activity of the Atlantic Alliance, he offers an original interpretation, highlighting the hot spots of the globalization process.
En 1989, l’élargissement des fonctions de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) commence à s’affirmer avec la chute du mur de Berlin. La disparition du pacte de Varsovie n’a pas engendré la désintégration de l’Otan au début des années 90. Bien au contraire, le renforcement du lien euro-atlantique s’exprime, d’une part, par la volonté d’intégrer rapidement et sans trop de concessions une majorité des pays de l’Europe centrale et orientale (Peco) au sein de l’Alliance atlantique, et d’autre part, par l’élargissement des responsabilités de l’Otan aux espaces européens par des missions dites « non-article 5 ».
Hormis les pays de l’Europe centrale, ce lien tend à engager une vaste coopération régionale englobant les Peco, dont l’Ukraine et le Caucase, avec la Géorgie et l’Azerbaïdjan, mais aussi les pays de l’Asie, membres pour certains de la Communauté des États indépendants (CEI). Cette coopération militaire à connotation « états-unienne » permet à Washington de s’impliquer plus facilement dans les affaires des zones de l’Eurasie qui recèlent des richesses premières à exploiter. Cette volonté de coopération militaire prend vie au sein du CAN (Conseil de l’Atlantique Nord) dans le cadre de la refondation des plans économiques et de la défense de l’Alliance atlantique dont les intérêts vitaux tendent à converger, en ce début de XXIe siècle, vers la zone géographique des cinq pays des « Stan » (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan), le Stansland.
Les visions stratégiques émanant du CAN semblent mettre en évidence les théories néoréalistes offensives de John Mearsheimer. Ces théories sont en majorité élaborées sur la nécessité de survie d’États-nations évoluant dans un système international anarchique dont la sécurité tend à s’affirmer par le biais de « manœuvres économiques » émanant de grandes puissances. Dans le cadre de la défense de leurs intérêts économiques, ces dernières — définies comme des acteurs rationnels — accomplissent des projets stratégiques leur permettant d’avoir un temps d’avance sur des États qui cherchent à survivre ou encore qui ne sont jamais certains des intentions des challengers.
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