En dénonçant les faiblesses militaires apparues notamment à l’été 2008, le Premier ministre russe alimente sa réflexion au besoin de grandeur et de fierté russe frustré par les deux décennies postsoviétiques. En détaillant ses lacunes nombreuses, il se propose de restaurer l’appareil militaire russe en esquissant une politique de réarmement. L’auteur, russologue averti, livre son analyse d’un discours poutinien patriotique à usage électoral.
Les raisons profondes du réarmement russe
The deeper reasons for Russian rearmament
Denouncing military weakness, notably apparent in the summer of 2008, the Russian Prime Minister is developing his concern over Russian national strength and pride, frustrated by the past two post-Soviet decades. Detailing the many shortcomings, he plans to revive the Russian military establishment, outlining a policy of rearmament. The author, a well-informed observer of the Russian scene offers his analysis of Putin’s patriotic rhetoric, designed for electoral purposes.
En ce mercredi 20 avril 2011, le Premier ministre Vladimir Poutine prononce son adresse annuelle à la Douma, la chambre basse du Parlement russe. C’est un discours fleuve comme les Russes en ont l’habitude, ce qui d’ailleurs les ravit. Pourtant, sa teneur, cette fois, tranche quelque peu. S’il a déjà été question de défense à la Douma, notamment lors de la ratification des traités de limitation des armements nucléaires ou des affaires de Tchétchénie ou de l’Otan, à cette occasion, le Premier ministre insiste particulièrement sur la situation militaire russe. C’est ce qu’il importe d’examiner puisque très clairement, Vladimir Poutine aborde une question de fond.
Le premier point à prendre en compte a trait aux critiques formulées par le Premier ministre russe à l’égard de l’équipement des forces armées. Puis, intervient l’opportunité de ces critiques, car elles portent sur la position internationale de la Russie, ce qui a une incidence directe sur les élections législatives de décembre 2011 et présidentielles de mars 2012. En effet, contrairement aux Français, les Russes sont extrêmement sensibles à l’implication de leur pays dans l’arène internationale. Dernier point, ces événements permettent d’affiner la conception qu’ont les Russes de leur régime par rapport aux démocraties occidentales.
Les insuffisances du potentiel militaire russe
Vladimir Poutine proclame, en première priorité, la poursuite de l’amélioration qualitative des armements nucléaires stratégiques, sans remettre en cause les accords de limitation quantitative de ces armements stratégiques et même leur baisse proclamée, tels que conclus avec les Américains à Prague, le 8 avril 2010, sous le nom de Start follow on. Doit être ainsi accélérée, à partir de 2013, la production de missiles intercontinentaux RS-24, version modernisée du Topol-M et de sa variante, le Bulava, équipant les SNLE. Limités à quinze, ils sont répartis entre les flottes du Nord et du Pacifique. En 2011, deux unités sont en construction, quatre en prévision.
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