Défense en France - Les possibles réformes du Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM)
Le Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM) a célébré en 2010 ses quarante ans d’existence. Composé de 89 membres des forces armées issus de leur propre conseil fonctionnel d’armée (1), c’est l’instance suprême de concertation des militaires définie dans leur statut général (2). Mais malgré cette consécration, force est de reconnaître que le CSFM souffre d’un certain discrédit au sein de la communauté militaire. De leur côté, les membres du Conseil expriment régulièrement leur volonté de revivifier un dispositif ne leur semblant plus répondre à la demande de dialogue interne qu’ils portent au nom de leurs camarades.
L’évolution du contexte militaire et social plaide en effet pour un renouveau du dispositif de concertation, qui doit s’effectuer dans le strict respect du statut militaire. C’est la voie que la Gendarmerie a récemment suivie, apportant la preuve d’une possible compatibilité entre évolution du dialogue interne et stricte observance des principes de la concertation.
Le dialogue interne : une nécesasité d’hier et d’aujourd’hui
Le CSFM comme réponse à une conjoncture de crise
Le contexte troublé qui a présidé à la création du CSFM en 1969 mérite d’être évoqué car il définit l’essence de cette instance. Il s’agissait, alors que les armées étaient confrontées à une crise existentielle liée à de fortes restructurations, à une mue doctrinale ainsi qu’à un clivage grandissant entre la société civile et les militaires, de faire émerger le concept de concertation au sein des armées. Ce dernier reposait sur la volonté d’associer les militaires de carrière à leur destin en leur reconnaissant un droit d’avis et de proposition sur leur statut et leur condition ainsi qu’en créant une enceinte où ils puissent exprimer leurs aspirations à leur autorité politique de tutelle (3). La création du CSFM a donc répondu aux exigences d’une époque tourmentée. Il était en effet urgent d’entendre et de rassurer une armée traversée par un mal-être, guettée par une dévalorisation matérielle, et, partant, par une certaine régression sociale. Ainsi, c’est sans nul doute parce que les militaires de carrière ont alors disposé de ce lieu de dialogue avec leurs chefs que les « comités de soldats » n’ont jamais réussi à franchir le cercle des appelés.
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