La Bataille d’Angleterre - juin/octobre 1940
La Bataille d’Angleterre - juin/octobre 1940
On croyait tout connaître, tout savoir, de la bataille d’Angleterre. C’était une illusion. Le livre de Jérôme de Lespinois publié chez Tallandier, intitulé sobrement La Bataille d’Angleterre, nous apporte en effet la vision globale d’un des événements décisifs de la Seconde Guerre mondiale et nous fait ainsi réaliser combien notre vue de cette bataille était parcellaire, tout au moins en France, et plutôt consacrée aux récits héroïques des pilotes qui auront suscité, et ce n’est pas le moindre de leurs mérites, bien des vocations de pilotes de chasse.
Certes, vous ne trouverez pas dans cet ouvrage des informations inédites, des révélations fracassantes ; tous les éléments sont connus. En revanche vous y trouverez une vue exhaustive non seulement des combats vécus au jour le jour mais aussi la description des aspects industriels et technologiques indispensables pour comprendre le déroulement des opérations. Également, une analyse très documentée de la stratégie aérienne, de l’organisation opérationnelle aussi bien du côté de la Royal Air Force (RAF) que de la Luftwaffe. Dans cette description l’auteur rend un hommage appuyé et justifié à l’Air Marshal Hugh Dowding à la tête du Fighter Command et à l’Air Vice-Marshal Keith Park, chef du 11th Group et ce, un peu aux dépens du chef du 12th Group l’Air Vice- Marshal Leigh-Mallory. De même l’auteur paraît un peu sévère pour les chefs de la Luftwaffe en charge de la bataille, Milche, Kesselring et Sperrle sans oublier Goering dont il stigmatise l’incapacité à concevoir et à planifier des opérations aériennes, ce qui me paraît un peu excessif quand on voit la complexité des immenses raids aériens conduits par les Allemands. Il est vrai que les perdants ont toujours tort.
Mais ce parti pris est un des atouts de ce livre ; il porte un jugement, il analyse en spécialiste de la stratégie aérienne et de l’arme aérienne. Certes on sent l’auteur un peu moins à l’aise quand il s’agit de décrire les combats aériens et leurs tactiques puisque, n’étant pas pilote, la 3e dimension lui est plus difficile à appréhender.
Mais pour en revenir aux acteurs de ce drame, l’auteur met bien en évidence le rôle primordial joué par Churchill, Premier ministre, chef du Cabinet de Guerre. Churchill, féru de technologie militaire, est présent à chaque instant et donne à ce tableau sa cohérence politique, industrielle et stratégique.
En conclusion la leçon, le message essentiel de cet ouvrage, particulièrement d’actualité en ces temps d’opérations aériennes en Libye, est que, pour la première fois peut-être, l’arme aérienne et plus encore l’aviation de chasse a décidé à elle seule du sort d’une étape de la guerre et a posé la première pierre de la victoire finale.
Tel qu’il est, ce livre apporte une contribution essentielle à l’histoire et à la conceptualisation de la stratégie aérienne. Il doit devenir l’ouvrage de référence dans ce domaine pour tous ceux qui s’intéressent à la stratégie. ♦