Alors que la crise pourrait suggérer de réduire le format sécuritaire en l’absence de menace militaire directe à moyen terme, l’auteur rappelle que c’est sur des budgets suffisants et nos voisins que doivent s’articuler nos responsabilités de défense qui passent d’abord par la cohésion nationale et européenne.
Consolider la sécurité
Consolidating security
The current crisis might suggest that in the absence of any direct military threat in the medium term, our defence structure should be reduced. The author reminds us that our defence responsibilities depend on adequate budgets and relations with our neighbours, and above all on national and European cohesion.
On ne peut répondre en général à la question des dangers que courent la sécurité des Français et la défense de la France sans se référer à un terme temporel. En s’en tenant au moyen terme, on plaidera que, sur les quinze années à venir, le pays ne court pas de risque d’attaque massive. Il n’aura pas à faire face à une guerre déclenchée par un adversaire disposant de moyens militaires symétriques et les lançant directement contre nos intérêts essentiels, voire vitaux, au sens des grandes guerres classiques menées hier par la France. Ce qui ne signifie pas que l’on puisse gommer de notre système de défense les moyens de faire face, dans un avenir plus lointain, au retour d’une telle situation.
Les hypothèses d’engagement opérationnel les plus vraisemblables, pour un objectif ou un autre que déterminera conjoncturellement le politique, renvoient à des déstabilisations de régions proches, ou relativement proches, de notre territoire. On pensera au Sud de la Méditerranée et au Proche-Orient (avec les risques portant sur les approvisionnements énergétiques ou produits par une prolifération d’armes de destruction massive). Puis au Golfe persique et à l’océan Indien, artère maritime vitale. Et à telle région d’Afrique subsaharienne. On peut même imaginer qu’une re-glaciation des relations avec la Russie pourrait se traduire non par le retour d’une menace massive mais par des dégénérescences conflictuelles en Europe de l’Est, dont les conséquences ne nous laisseraient pas saufs ou inactifs.
Notre type de développement et notre mode de vie nous placent dans une posture de modernité très vulnérable aux atteintes d’acteurs asymétriques, c’est-à-dire refusant d’entrer dans la logique de l’affrontement de puissance militaire. Nos sociétés du tout-information et du tout-numérique ne sont pas guettées par la « grande guerre » mais par le coup « soft » qui « incapaciterait », brutalement ou par réaction en chaîne, tout ou partie de nos systèmes de gouvernement civils et militaires et qui dégraderait gravement notre capacité à utiliser nos moyens de réaction. Si un adversaire, quel qu’il soit, veut demain nous affaiblir ou nous abattre, il choisira de toute évidence notre flanc le plus vulnérable et il le trouvera dans notre modernité.
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