Revue des revues - Visions stratégiques espagnole et allemande
La Revista española de Defensa du mois d’octobre 2011 propose deux articles dont les implications peuvent concerner la défense française. Le premier texte traite de la réforme du processus d’acquisition des armements, tandis que le second porte sur une réflexion autour de la formation initiale des officiers avec le projet d’Erasmus militaire.
Lors d’élections législatives importantes (20 novembre), la défense n’apparaît pas comme un enjeu mais plutôt comme un problème ou une contrainte. Face à une situation budgétaire très difficile, il est évident que la défense espagnole va faire les frais du débat politique, même avec une nouvelle majorité de droite au pouvoir. Face à la réalité des chiffres, une réforme s’impose en particulier pour l’achat des équipements et des systèmes d’armes, dont les principes d’organisation datent de plus de quinze ans, et qui ne sont plus en phase, ni avec le niveau d’ambition stratégique, ni avec les capacités budgétaires actuelles. Les programmes en cours de développement représenteraient une somme variant entre 31 et 36 milliards d’euros. Or, le budget annuel de la défense qui est de l’ordre de 8,25 milliards d’euros pour 2010 est déjà en baisse par rapport aux années précédentes. De plus, les contrats portent sur des armements majeurs, au nombre de 19, dont celui du Bâtiment de projection stratégique, Juan Carlos I, et des avions de combat Eurofighter commandés en 87 exemplaires, ce qui excède en fait les besoins opérationnels réels.
À cela, il faut ajouter une difficulté tardivement identifiée de l’absence de financements significatifs du maintien en condition opérationnelle d’une grande partie de ces 19 programmes principaux. Cette lacune est d’ailleurs une des faiblesses structurelles des armées espagnoles qui ont souvent privilégié l’acquisition en quantité sans se préoccuper suffisamment des besoins logistiques de soutien de ces armements. Or, ce qui était encore acceptable avec les matériels des générations précédentes, ne l’est plus aujourd’hui avec des systèmes d’armes très sophistiqués mais plus consommateurs en maintenance tant sur le plan financier qu’industriel. De plus, pour certains experts espagnols, ces investissements ne seraient pas suffisamment productifs pour l’économie nationale et ne participeraient pas assez au développement de l’industrie de défense du pays. Ce point de vue reste cependant discutable dans la mesure où cette industrie a bien progressé ces dernières années en bénéficiant de l’ouverture européenne comme le montre l’intégration du constructeur aéronautique CASA dans le groupe EADS, qui s’est concrétisé notamment par l’implantation à Séville de la chaîne d’assemblage de l’avion de transport militaire A400M. Par ailleurs, les critiques – accentuées par la campagne électorale – portaient sur un certain manque de cohérence entre les ambitions programmatiques et les réalités opérationnelles, notamment à la lumière de l’engagement en Afghanistan. C’est ainsi qu’il a fallu acheter en urgence de nouveaux blindés à roue pour ce théâtre afin de remplacer les obsolètes BMR (équivalent du VAB français).
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