Marianne et Athéna. La pensée militaire française du XVIIIe siècle à nos jours
Marianne et Athéna. La pensée militaire française du XVIIIe siècle à nos jours
Le titre de ce livre aurait bien pu être L’art français de la guerre, le vrai, l’authentique. En cette période de réécriture du Livre blanc sur la défense et la sécurité, ce travail arrive donc à point nommé. Il avait été présenté lors d’une séance de dédicace à l’amphithéâtre Louis à l’École militaire, en octobre dernier. Capitaine de vaisseau de la Marine suédoise, Lars Wedin, francophone et francophile, défend une idée : il existe bien une pensée stratégique française !
L’angle choisi, Marianne et Athéna est celui d’une alliance subtile de notre symbole national, femme révolutionnaire et guerrière, liberté guidant le peuple, avec la déesse de la guerre et de la sagesse. Il décrypte comment la pensée stratégique française s’est construite en fonction des contextes technologiques, politiques, culturels et parfois sous influence de critères idéologiques, voire générationnels. C’est ainsi que la « jeune école » s’oppose à l’état-major de la Marine à la fin du XIXe siècle, de Gaulle à Philippe Pétain dans les années 30. Ce regard éclectique est rythmé par les grandes ruptures : 1870, 1914, 1939, la guerre froide, l’ère nucléaire. Pour le XXIe siècle, il note cette citation du général Bentégeat : « Pas d’ennemi et pourtant la guerre ! ».
Le livre permet de répondre à une préoccupation centrale : les stratèges de notre histoire, Ardant du Picq, Guibert, Jomini, Castex, voire un de Gaulle, vont-ils nous apporter des réponses pour affronter les menaces d’aujourd’hui ? On retiendra aussi Darwin, qui vient soutenir la démarche tricolore : au cœur de la pensée stratégique française, il y a cette vision d’une nation armée qui lutte en permanence pour sa survie. Le second axe de ce livre est de défendre l’idée du renouveau de la pensée stratégique française. En ce domaine, la réflexion est permanente. Hommage est ainsi rendu aux travaux d’Hervé Coutau-Bégarie, au professeur François Géré, aux généraux Poirier et Desportes ou encore à ceux de l’état-major des armées et de son CICDE (Centre interarmées de concepts de doctrines et d’expérimentations).
À noter que l’auteur met aussi en lumière un thème souvent occulté, à savoir les opérations psychologiques, dont l’utilité est pourtant clairement démontrée dans toutes les opérations extérieures, particulièrement depuis 1990. Marianne et Athéna a été réalisé avec l’appui de la Fondation Saint Cyr, de l’Institut de stratégie comparée, de la Commission française d’histoire militaire et du Forvarshogskolan suédois. Le style est fluide, on le doit à la traduction de Marianne Audouard. À conseiller aussi à tous ceux qui ont également ouvert le dernier prix Goncourt. ♦