Vœux du Président du CEDN
Chers amis et fidèles lecteurs,
Quelques semaines après avoir pris la présidence du Comité d’études de défense nationale, je souhaite vous faire part sans attendre de « l’état de l’Union » ainsi que des premières orientations que nous allons mettre en œuvre pour garantir au mieux l’avenir de votre Revue, notre bien commun.
En un peu plus de 70 ans, plus de 3 500 auteurs ont animé 150 000 pages de débat stratégique ; on pense à la dissuasion évidemment mais il en est bien d’autres, de la décolonisation, à la construction européenne et aux menaces nouvelles.
Ce positionnement unique dans l’animation et la diffusion de la réflexion stratégique française a donné ses lettres de noblesse à la Revue et contribue aujourd’hui encore à en faire un des acteurs de son renouvellement.
Sous la direction de mon prédécesseur, le général d’armée aérienne Bernard Norlain que je remercie de son action, et grâce à l’expertise du rédacteur en chef, le contre-amiral Jean Dufourcq, le contenu éditorial a été revisité et sa présentation diversifiée.
Mais il ne faut pas s’y tromper, la diminution relative de l’intérêt du public pour les questions de défense, les difficultés économiques de la presse diffusée en support papier et la crise mondiale constituent autant de facteurs malheureusement cumulatifs qui entravent la progression de la diffusion et mettent en péril, depuis plusieurs années déjà l’équilibre financier, avec des charges continûment supérieures aux produits qui auront bientôt raison des fonds propres de notre Comité.
Pour faire face à la diminution persistante du nombre des abonnés depuis la fin de la guerre froide et à la forte dégradation des recettes de publicité, un certain nombre d’actions ont été conduites depuis 2010 : la revue papier mensuelle a été rajeunie sous la forme de neuf numéros et d’un numéro d’été triple, des cahiers thématiques ont été proposés, le site « www.defnat.com » a été entièrement repensé (archives intégralement numérisées et accessibles en totalité dès cet été, tribune hebdomadaire par mise en ligne régulière d’articles, édition numérique anglaise, brèves…). C’est insuffisant malgré la stabilisation actuelle à environ 3 000 du nombre des abonnés.
Une première orientation a été prise.
Face à l’alternative d’un adossement à des syndicats professionnels, garants d’un apport régulier de ressources associées de contreparties rédactionnelles, ou bien d’une réaffirmation de l’intérêt et du soutien des autorités officielles, c’est cette deuxième voie qui a été choisie. Elle garantit la meilleure indépendance de la rédaction et permet d’envisager la pérennité du service officieux qu’assure la Revue Défense Nationale sur la scène stratégique française. Elle doit être réaffirmée régulièrement mais les premiers faits sont encourageants, que ce soit sous forme de conventions signées avec les directions et états-majors des deux ministères des Affaires étrangères et de la Défense ou du soutien direct institutionnel à la traduction. L’adaptation aux usages de la communication moderne se poursuit au début 2012.
• La revue anglaise, sur un rythme désormais trimestriel de quatre numéros par an, restera entièrement numérique.
• Des éditions en russe (2011), en arabe (2012) et en chinois (2013) seront testées selon les deux supports papier et numérique et maintenues si l’équilibre financier est consolidé, notamment par des appuis extérieurs en attendant de trouver leurs lectorats.
• Le passage au « tout numérique » de la RDN n’a pas été retenu pour le moment pour tenir compte des souhaits d’une grande part de notre lectorat, attaché à sa revue sous sa forme historique.
• Les coûts de la revue papier, trop élevés par rapport aux possibilités offertes par un prix d’abonnement que nous n’avons pas voulu relever, seront réduits par le passage expérimental à la publication bimestrielle d’une revue qui sera en échange plus fournie à compter de l’automne 2012 ou de janvier 2013.
• Enfin des mesures internes d’économies viseront à réduire au maximum le poids des charges.
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L’année 2012 sera extraordinairement complexe pour les décideurs qui auront à orienter la politique de sécurité et de défense de la France dans moins d’un an.
Les travaux lancés pour la révision du Livre blanc devront se nourrir de l’analyse des évolutions de l’environnement stratégique de la France, nombreuses et surprenantes comme l’avaient déjà annoncé les rédacteurs de 2008.
Un écho de ces réflexions diverses se trouve dans ce numéro de janvier sous la forme d’Entretiens Défense ou de réponses développées par des experts politiques, militaires et civils à partir d’un questionnaire préalable envoyé par la rédaction. Que d’autres candidats ou experts engagés dans la préparation de l’avenir se fassent connaître, nous leur enverrons ce questionnaire et les publierons dans les mois à venir.
« À cause », et d’une certaine façon, « grâce » à la crise, le fait nouveau qui nous intéresse aujourd’hui est la prise en compte ab initio des aspects économiques et financiers des enjeux de défense nationale au-delà de la seule composante industrielle, objectivement le parent pauvre – avec les océans – des exercices antérieurs.
Deux données factuelles sont intéressantes à relever et suffisent à inspirer la réflexion. La première est la dépense publique qui, en France, est supérieure à 1 100 milliards d’euros, les investissements représentant 6 % de ce montant et les dépenses de défense une partie de ces 6 % : la fameuse « variable d’ajustement » n’est à l’évidence pas du bon ordre de grandeur pour résoudre la crise financière et caler la rigueur budgétaire. La seconde donnée est le retour sur investissement de l’euro investi dans les équipements de la défense : il est largement supérieur à 1 euro, de l’ordre de 1,3 (La Tribune) et même parfois de 3 euros dans les domaines de haute technologie. Il faut s’en souvenir.
La Revue a prévu de présenter en 2012 un vaste panorama d’expertises et d’opinions selon une ligne éditoriale variée que vous retrouverez détaillée dans le numéro de décembre 2011. Elle espère vous faire participer à ce débat et retenir votre intérêt.
Bonne année 2012. ♦