Institutions internationales - Cinq conférences sur l'environnement - Le sort des langues européennes
Lorsqu’en juillet 1976, le philosophe italien Lanza del Vasto crut bon de manifester à Creys-Malville aux côtés des écologistes, il apportait à leur cause l’appui de sa spiritualité, mais ne faisait-il pas erreur ? Disciple de Gandhi, ne s’associait-il pas à des pratiques conduisant à la violence et aux excès de toutes sortes faute d’accepter le compromis ? De plus, il n’était aucunement prouvé que le nucléaire civil fût plus nocif que les traditionnelles industries chimiques et l’on savait qu’il avait fait moins de victimes que les coups de grisou. La catastrophe de Tchernobyl (1986) n’est pas liée au processus nucléaire, mais bel et bien à l’incompétence des hommes et à l’impéritie d’un régime.
D’abord marginal et considéré comme anodin car il ne prenait pas la défense d’intérêts catégoriels, le mouvement écologiste est aujourd’hui partie prenante dans la vie politique électorale et les gouvernements se montrent attentifs à ses thèses. Cinq conférences internationales viennent prouver l’importance qu’on leur accorde désormais. L’outillage intellectuel du mouvement a été forgé par des penseurs comme René Dumont, Max Nicholson ou Roger Heim (L’angoisse de l’an 2000), mais ses modes de pensée archaïques se sont diffusés par des pratiques détournées, comme le recours à l’acupuncture, au yoga, au judo ou par une référence appuyée à la « sagesse » des civilisations extra-européennes. Ce militantisme prônant les technologies douces entendait mettre à mal le mythe prométhéen qui caractérise notre société avec ses multiples conquêtes de l’atome à l’espace.
On peut, certes, discourir sur le bien-fondé d’une telle aversion pour les progrès techniques et Voltaire reprochait déjà à Rousseau de vouloir nous faire brouter l’herbe. Qu’on le veuille ou non, le monde moderne n’a plus rien de commun avec la bergerie de Marie-Antoinette. Le mouvement écologiste aura été bénéfique dans la mesure où il a su attirer l’attention sur les méfaits de la frénésie de certains comportements. Plutôt que de remettre en cause les avancées techniques, mieux vaut les ajuster à nos besoins en prenant soin de nous épargner les excès et les risques. La Grèce antique eut au plus haut point la conscience de cette nécessaire harmonie que Charles Maurras a condensée en cette formule : « Mettre d’accord l’homme avec la nature sans tarir la nature et sans accabler l’homme » (Anthinéa, 1901). Manifestement, nos dirigeants ont pris la mesure de cet impératif.
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