Afrique - La détente concerne-t-elle les débouchés de la mer Rouge ? - L'Afrique face aux médias
Aux deux extrémités de la mer Rouge, la situation politique évolue de manière différente. Au nord, la réouverture du canal de Suez et les accords de Camp David (1978) ont permis de régler le contentieux égypto-israélien et de restituer au Caire les territoires occupés, y compris l’enclave de Taba, avec la neutralité attentive de la Jordanie et la bénédiction plus lointaine de l’Arabie saoudite. Dans cette région, pour l’heure, la tension est circonscrite entre Israël et les Palestiniens. Moscou et Washington, en essayant d’élargir leurs alliances sans effrayer leurs alliés respectifs, cherchent à faire déboucher un accord bilatéral sur une conférence générale de la paix qui consacrerait la réconciliation officielle de l’Égypte avec le monde arabe. Ni les États-Unis, ni l’URSS ne sont directement impliqués dans les troubles qui opposent les différents clans palestiniens à Israël, notamment à Gaza, et, plus loin, les divers partis libanais à la Syrie. Les navigations dans le canal et dans le golfe d’Akaba restent libres, ce qui ne peut que satisfaire Le Caire et Tel-Aviv.
Autour du Bab el-Mandeb, la situation était apparemment simple : elle est devenue complexe en raison d’une intervention directe de l’URSS et des pays de l’Est dans la vie intérieure des États qui bordent le détroit. Les Soviétiques ont toujours pris le risque d’être entraînés dans des opérations militaires, mais ils ne sont plus en mesure de contrôler la conduite des affaires, menée par les gouvernements locaux dans un sens et au nom de traditions qui leur échappent. La situation paraît plus difficile pour eux en Éthiopie qu’au Sud-Yémen. Néanmoins, dans ces deux pays, le piège reste solide : le marxisme-léninisme, que l’on croyait capable d’effacer les divisions ethniques ou religieuses, est devenu l’instrument d’oppression d’un clan et s’avère impuissant à concevoir le syncrétisme qui permettrait son enracinement. Cependant, c’est au nom de la défense de cette doctrine que des Yéménites et des Éthiopiens ont noué des relations en URSS, alliances qui font qu’un désengagement de Moscou dépend, pour une large part, du rapport de force existant entre les différentes tendances du parti communiste d’URSS. Dans le but de reprendre l’initiative, les Soviétiques se sont efforcés d’asseoir leur influence dans les États voisins qui sont les adversaires traditionnels du Sud-Yémen et de l’Éthiopie, Nord-Yémen pour le premier et Somalie pour le second, avec des résultats d’importance inégale.
En Éthiopie, le PTE (Parti des travailleurs éthiopiens), tout en se singularisant du parti communiste d’URSS et bien qu’il eût été organisé après de longs tâtonnements et de nombreuses épurations, n’a pas su découvrir la formule idéologique qui permettrait de concilier christianisme et islam, traditions sémitiques et coutumes chamitiques ou nilotiques : les chrétiens ont cherché de tout temps à dominer les peuples qui les entourent, afin d’échapper à l’étouffement de l’islam ; en revanche, leurs voisins chamitiques ou nilotiques se sont ouverts de plus en plus à l’islam pour se défendre contre l’emprise des Abyssins, de leurs féodaux et de leur clergé.
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