Afrique de l’Est : l’instabilité gagne-t-elle le Kenya ?

La Communauté est-africaine (CEA), créée pour gérer les équipements communs laissés par le colonisateur, comprenait l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. Elle s’est disloquée progressivement en raison des choix politiques pris par les différents gouvernements sans que les réalités géographiques eussent été modifiées. De simples considérations de survie économique obligent donc les dirigeants de chacun de ces États à s’intéresser aux affaires intérieures des autres pour, au besoin, tenter d’intervenir.

Toutefois, la dépendance ne représente pas la même contrainte pour chacun. Le Kenya a d’autres vocations que celle d’être le débouché sur l’océan de l’Ouganda, d’une partie de la Tanzanie, ainsi que du Rwanda et du Burundi qui n’ont jamais appartenu à la communauté mais qui, avec la Somalie sans grand intérêt pour Nairobi, constituent son environnement immédiat. La Tanzanie, depuis l’indépendance, a voulu assurer son avenir idéologique en devenant elle-même le débouché ou le mentor de ses voisins d’Afrique australe, Zambie, Zimbabwe, Mozambique, avec des résultats plus ou moins convaincants ; elle entendait surtout ne plus être seulement considérée par les investisseurs comme le prolongement, encore mal défriché, du Kenya. L’Ouganda est le plus dépendant des États de l’ancienne communauté, puisque l’ensemble de son commerce extérieur est lié au seul Kenya, un débouché secondaire vers la mer, transitant par le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, étant impraticable, tant pour des raisons géographiques qu’à cause du refus délibéré des dirigeants rwandais et burundais d’améliorer les communications entre leurs deux pays ; par ailleurs l’Ouganda n’est ouvert qu’au nord sur les provinces méridionales du Soudan, secteur de grande instabilité, les confins montagneux de la province zaïroise du Kivu, autre région limitrophe, étant plus difficilement accessibles.