Les enseignements de la Guerre d'Indochine - Quelques aspects stratégiques
La guerre d’Indochine est révolue. Il semble, en conséquence, qu’on puisse dès maintenant l’examiner, techniquement au moins, avec la même sérénité objective que celle que l’on apporterait à l’étude d’une campagne quelconque du passé. Au reste, certaines choses n’ont pas encore été dites, et il est nécessaire qu’elles soient dites. Nous nous efforcerons donc, dans les lignes qui suivent, très succinctement et avec le tact qui s’impose, de projeter une clarté de caractère stratégique sur quelques aspects du dernier conflit indochinois.
La stratégie locale
Si nous envisageons la partie vraiment active du théâtre indochinois, à savoir sa partie septentrionale, nous trouvons que la stratégie locale y a été caractérisée, d’un bout à l’autre, par un système de nature statique, consistant à occuper une étendue de territoire infiniment trop grande par rapport à nos moyens en la couvrant d’un réseau de positions, les fameux « postes » dont nous avons tant entendu parler. Certes, il y a eu, à certains moments, une concentration forcée, telle que le repli des forces qui occupaient les hautes régions du Tonkin (Lao-Kay, Cao-Bang, Lang-Son). Il y a eu aussi des tentatives offensives sporadiques. Il y a eu encore des velléités de nous borner à la défense du delta tonkinois. Mais toujours le système des « postes » a, au fond, dominé notre stratégie locale.
On saisit dès l’abord sa tare originelle : la dispersion. Ce n’était pas la dispersion linéaire classique, mais c’était une dispersion ponctuelle, superficielle, qui ne valait pas mieux que sa congénère toujours honnie, et qui était tout aussi nocive.
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