C’est en rappelant la charge qui échoit au président de la République, chef des Armées, et en insistant sur les changements stratégiques en cours que l’auteur, qui assiste en matière de défense le président du Modem, candidat à l’élection présidentielle, rappelle la place éminente des armées et des industries de défense au cœur de la nation.
Entretien (5) - La défense au cœur des enjeux présidentiels
Putting defence at the heart of the presidential challenges
In reminding us of the duty that falls to the President of the Republic and Chief of the armed forces, and highlighting current strategic changes, the author, defence advisor to the president of the Modem party—himself a candidate in the presidential election, reminds us of the pre-eminence of the armed forces and defence industry at the heart of the nation.
À quelques semaines des élections présidentielles, il m’apparaît important de rappeler que la défense, si elle n’est pas un des thèmes centraux de la campagne, devrait en être l’un des enjeux majeurs. On peut regretter que ce thème soit souvent éludé par certains responsables politiques, alors même que les orientations qui seront définies au terme des échéances électorales seront capitales pour l’avenir de notre pays.
Le cadre institutionnel de la Ve République offre de très larges prérogatives au président de la République en matière de défense. Le choix de celui qui assumera bientôt cette responsabilité n’est donc pas anodin. En tant que chef des Armées, il disposera du feu nucléaire, il présidera le Conseil de défense et de sécurité nationale et il fixera les grandes orientations diplomatiques et militaires de notre pays. C’est lui qui portera la voix de la France au sein des instances internationales, notamment au sein des Nations unies et du Conseil de sécurité. Or, la force demeurant l’ultima ratio, l’influence de notre diplomatie, notre aptitude à faire entendre notre voix et notre capacité à défendre nos intérêts dépendront en grande partie de la crédibilité de nos forces armées. Ses choix seront donc déterminants pour l’avenir de notre pays et sa place au sein du concert des nations.
La responsabilité du futur chef de l’État sera d’autant plus importante que l’armée française demeure l’une des plus puissantes du monde. Il sera ainsi à la tête d’une des rares nations disposant d’une dissuasion nucléaire indépendante, à même de projeter ses forces sur l’ensemble du globe et pouvant mener simultanément plusieurs opérations de combat de haute intensité. Nous figurons également parmi les leaders mondiaux de l’industrie de défense. Notre pays est le quatrième exportateur d’armes au monde (sous-marins, frégates, porte-hélicoptères, avions de combat…) avec des entreprises qui sont des fleurons de l’économie nationale et du « produire en France », à la pointe de l’innovation, compétitives à l’exportation et qui emploient plusieurs centaines de milliers de salariés. Le futur chef de l’État devra donc définir une politique industrielle nationale, voire européenne, à même de préserver notre rang en la matière.
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