La problématique de la défense antimissile doit s’analyser d’abord en relation étroite avec celle de la prolifération balistique et des menaces qu’elle annonce. Ensuite, par l’effet d’éviction du club des puissances que provoquerait une abstention française. Enfin, par le moteur technologique qu’elle constitue pour les grands pays industriels. L’auteur plaide en faveur d’une prise en compte sérieuse de cette dimension dans notre défense.
DAMB : où en est-on maintenant ?
ABM defence—what is the current position?
The issue of anti-missile defence needs first of all to be analysed together with that of ballistic missile proliferation and the threats it brings. Thereafter, the analysis should take into account the eviction from the club of major powers that a French abstention would lead to. Only then should it be seen in relation to the technological driving force it creates for the major industrialised countries. The author pleads for serious consideration of all these issues in discussion about our defence.
Partisans et opposants d’un système de défense antimissile balistique (DAMB) ne cessent de débattre, soit d’un point de vue théorique (reprise du vieux débat épée-bouclier oubliant qu’aucun système de défense n’a été fiable à 100 % dans l’histoire de l’humanité et que les défauts de toutes les armures n’ont pas empêché que l’on s’en revêtît), soit dans le domaine restreint de la stratégie nucléaire, soit dans une logique technico-financière.
La discussion sur ce sujet est pourtant d’une autre nature.
La prolifération balistique
Depuis 1989, notre environnement stratégique a été profondément modifié. Plus fondamentalement, cette modification, non seulement n’est pas close mais la « grammaire » de cet environnement en devenir pourrait ne pas nous être favorable. Et, dans cette fin de période de transition, des menaces pointent à l’horizon, clairement matérialisées et identifiées. De fait, la menace que représentent aujourd’hui les missiles balistiques pour notre pays est bien différente de celle à laquelle nous nous opposions ou que nous envisagions, il y a vingt ans. Notre principale inquiétude doit aujourd’hui provenir, non pas d’un adversaire étatique puissant (Russie ou Chine) mais bien de la prolifération mondiale de missiles balistiques de diverses portées ou de missiles de croisière et de différents programmes de développement d’armes dites improprement de destruction massive. Pour rappel, lors de la signature du Traité ABM, seuls neuf pays possédaient des capacités balistiques. La situation a radicalement changé avec plus de trente pays possédant cette capacité.
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