Les nouvelles capacités offertes par les relais vidéo, et notamment les drones, permettent de se plonger à distance au cœur de l’action de terrain, d’apprécier avec du recul les circonstances du combat. La tentation est grande pour le responsable de l’opération de se substituer au chef tactique pour réguler le tempo de l’action. L’auteur met en garde contre cette possible dérive et rappelle la règle de subsidiarité qui passe par la délégation sereine.
Commandement et drones : quelle place pour la subsidiarité à l’heure du temps réel ?
Command and drones: whither delegation in real-time scenarios?
The new facilities offered by video links, notably related to drones, allow commanders to see remotely the action on the ground, and at the same time make their appreciation of events unworried by the proximity of combat itself. There is however a strong temptation for the same commander to over-rule the tactical leader on the ground, in order to regulate the tempo of that action. The author warns against this possible drift in responsibility and reminds us of the authority and responsibility that must exist in a chain of delegation.
Le pouvoir se paye d’images, et s’en nourrit.
Alexis Jenni, L’art Français de la guerre
La coordination des opérations et des projets politiques pose toujours
dans l’histoire des problèmes difficiles, résolus d’une manière
ou d’une autre, en fonction de la force des personnalités
et de la nature des guerres.
Raymond Aron, Penser la guerre Clausewitz
La culture occidentale de la guerre est caractérisée par l’emploi de la technologie. Dans son Traité de polémologie, Gaston Bouthoul indique en effet que le perfectionnement constant des armes a toujours été en Occident la garantie de survie pour ceux qui étaient capables de les concevoir et d’utiliser une technologie supérieure à celle de l’adversaire. Aujourd’hui, grâce à la mise en réseau et la fusion des informations et des flux de données, elle permet plus de réactivité et de précision dans la conduite de la guerre, tout en réduisant au maximum le risque de dégâts collatéraux et le niveau de nos propres pertes. Elle permet également de réduire la distance qui sépare les plus hauts niveaux de la chaîne décisionnelle du cœur des combats. Si la notion de temps réel prend une telle importance dans nos systèmes de commandement, elle nécessite la mise en place de réseaux dont la complexité et la vulnérabilité sont réelles. Ainsi, au-delà des problématiques de menace cybernétique, se pose finalement la question de la pertinence même de cette remontée d’information « temps réel » au plus haut niveau. Le général (2S) Jean-Patrick Gaviard avait déjà soulevé cette problématique dans le domaine du suivi de la situation, en conceptualisant la notion de Common Relevant Operational Picture (CROP) plutôt qu’une COP par nature trop détaillée. Le corollaire est donc la nécessaire mise en application le plus souvent possible du principe de subsidiarité dans la conduite des opérations.
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