Asie - Devants et arrières scènes
La période écoulée (octobre 2011 – mi-février 2012) fait apparaître au grand jour plusieurs événements phares dont la potentialité de répercussions stratégiques à court et à moyen termes est réelle. Il s’agit du programme accéléré du retrait des troupes d’intervention en Afghanistan, de la détérioration des relations américano-pakistanaises, des balbutiements de réorientation de la direction politique birmane, des questions qui se posent à la suite du décès de Kim Jong Il en Corée du Nord et de la succession par son fils Kim Jong Un, de la position de la Chine à l’égard de l’Iran dans un contexte de montée en crise diplomatique et économique en raison de l’entêtement de Téhéran à poursuivre son programme nucléaire militaire. Mais ces événements ne doivent pas occulter ceux qui se déroulent en arrières scènes telles que la perpétuation de la crise afghane et le début d’un dialogue avec les taliban, le calme apparent et illusoire dans la confrontation Chine – Asie du Sud-Est – États-Unis en mer de Chine du Sud, les relations tendues sino-japonaises, l’instabilité en péninsule coréenne et des négociations à Six enlisées sur le programme nucléaire nord-coréen.
Le théâtre afghano-pakistanais
Ainsi du côté du théâtre afghano-pakistanais, opérations militaires et négociations continuent-elles à être émaillées de multiples attentats, des deux côtés de la frontière. Mais si les confrontations continuent durement contre les taliban et contre le groupe Haqqani qui fait l’objet d’une concentration des efforts, c’est le programme de retrait de l’Otan en Afghanistan qui domine. Celui-ci s’exécute sur fond de succès pas toujours convaincants quant aux résultats effectifs des activités menées par l’Alliance pour préparer au retour à une authentique vie normale dans le pays : les attentats restent meurtriers et ciblés en maintes occasions sur des objectifs à forte signification. Autre preuve d’un succès peu affirmé : la concession alliée d’en venir au dialogue avec les insurgés alors que ceux-ci continuent à démontrer une résistance pugnace sur le terrain. Dans ce cadre, il apparaît que le Qatar, sur initiative insistante des taliban, pourrait être le médiateur accepté par toutes les parties prenantes à des négociations qui se tiendraient alors dans l’Émirat.
Cela dit, le bilan des opérations conduites par l’Otan ne s’apparente pas tout à fait à un échec puisque, avant même la conférence internationale tenue à Bonn le 5 décembre 2011, des voix afghanes s’inquiètent franchement sur le devenir de la sécurité de leur pays une fois les troupes alliées parties. Cette inquiétude s’est davantage exacerbée depuis les conclusions de la réunion des ministres de la Défense de l’Otan, tenue à Bruxelles les 2 et 3 février 2012, au cours de laquelle a été entériné le projet de retrait anticipé des forces combattantes en Afghanistan. Initialement prévu avant fin 2014, ce retrait sera achevé avant la fin de 2013. Resteront sur le terrain des formateurs, des moyens de renseignement et de logistique. La question qui se pose dès lors est de savoir quelle sera l’efficacité réelle des forces armées et de police afghanes qui auront reçu la responsabilité pleine et entière d’assurer la sécurité de leur pays, responsabilité progressivement transférée par les troupes de l’Otan au fur et à mesure de leur retrait ; et quelle confiance pourra leur être accordée tant par le pouvoir en place que par la population. Ce transfert de responsabilités, entrepris depuis le deuxième semestre de 2011, se poursuit. Trois districts de la province d’Helmand sont, depuis le mois de décembre 2011, passés sous responsabilité des forces afghanes et, au mois de mars 2012, la France aura transmis le relais dans la province de Kapisa où, le 20 janvier 2012, quatre de ses hommes se font assassiner par un traître afghan, amenant à 82 le nombre de ses soldats tombés sur le sol afghan depuis le début des hostilités.
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