Quatre incidents majeurs en 2017 ont marqué l’US Navy, dont 2 collisions ayant entraîné la mort de marins américains. Les sanctions ont été fortes, d’autant plus que la culture de l’US Navy ne donne pas de droit à l’erreur. Cette pratique est ancienne et rigoureuse à l’égard de cadres ayant défailli ou manqué de chance. Le système de formation de l’US Navy s’inscrit dans cette tradition mais mériterait d’évoluer pour répondre à ces lacunes constatées lors des dernières fortunes de mer.
L’US Navy et l’impardonnabilité de l’erreur (T 992)
The US Navy and the unpardonability of the error
Four major incidents in 2017 marked the US Navy, including two collisions resulting in the death of US seamen. The sanctions were strong, especially since the culture of the US Navy does not give room for error. This practice is old and rigorous with respect to executives who have failed or missed opportunities. The training system of the US Navy is part of this tradition but deserves to evolve to meet these shortcomings observed during the last fortunes of the sea.
L’US Navy a connu bien des déboires tout au long de l’année 2017. Entre janvier et septembre, quatre incidents impliquant la marine américaine ont eu lieu. Tout d’abord, le 31 janvier, un croiseur de classe « Ticonderoga », l’USS Antietam, s’échoue sur les côtes japonaises à proximité de Yokohama puis le 9 mai, un autre croiseur, l’USS Lake Champlain, entre en collision avec un chalutier sud-coréen (cf. David B. Larter). Si ces deux incidents n’ont entraîné par chance aucune perte humaine, les deux suivants en ont généré. Deux destroyers de classe « Arleigh Burke », l’USS Fitzgerald et l’USS John S. McCain (1) sont entrés en collision avec, respectivement, un cargo au large du Japon le 16 juin, entraînant la mort de sept matelots (cf. Geoff Ziezulewicz), et un pétrolier à l’entrée du port de Singapour le 21 août, dix disparus (cf. Huffington Post).
Parmi les nombreux éléments à retenir, il faut notamment relever qu’ils ont eu lieu en Asie où la 7e Flotte exerce ses responsabilités. Cela semble souligner le manque d’entraînement et de repos du personnel des navires assignés à cette zone ainsi que mentionné dans un rapport du GAO (Government Accountability Office) en 2015. On peut aussi mettre en lumière l’utilisation intensive des nouvelles technologies pour manœuvrer les navires. Les officiers en poste lors de ces incidents ont pour la plupart été mis à pied, voire expulsés des rangs de la marine américaine. Il est à noter qu’un accident spectaculaire comme ceux qui ont eu lieu en 2017 n’est pas le seul motif de limogeage au sein de la marine américaine : en 2016 par exemple, 19 officiers supérieurs (dont 2 contre-amiraux) ainsi que 6 sous-officiers ont été virés pour des motifs divers (voir la liste publiée le 10 mars 2016 par Navy Times).
Il s’agira donc ici de comprendre d’où vient cette « impardonnabilité » de l’erreur qui existe dans l’US Navy. À cette fin, il conviendra de revenir sur la question de la formation du corps des officiers de la marine américaine puis sur les raisons qui expliquent cette sévérité et ses effets.
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