Les Atlas ont l’avantage de pouvoir présenter une approche géographique permettant de mieux comprendre notre environnement et les enjeux s’y rapportant. Trois thématiques retiennent l’attention : les Droits de l’Homme, dont la perception est très variable d’un État à l’autre, l’Agriculture dont l’importance reste vitale ne serait-ce que pour la survie de l’espèce humaine et enfin l’eau, indispensable à la vie et dont le partage déterminera la nature de notre avenir.
Tour d’horizon parmi les atlas : droits de l’homme, agriculture et eau (T 1065)
Overview among atlases: human rights, agriculture and water
The Atlases have the advantage of being able to present a geographical approach that allows us to better understand our environment and its related issues. Three themes stand out: human rights, whose perception is very variable from one state to another; agriculture, whose importance remains vital if only for the survival of humanity; and finally, water, essential to life and whose sharing will determine the nature of our future.
Le 10 décembre 2018 a été célébré au Palais de Chaillot à Paris, dans une relative intimité, le 70e anniversaire de la proclamation de la Déclaration universelle des droits de l’homme. C’est pour marquer l’événement que Catherine de Wenden, a réuni une large pléiade d’auteurs pour dresser un panorama d’ensemble de la question dans Atlas des droits de l’homme (Éditions Autrement, 2018, 96 pages). Sur les 17 Objectifs du Millénaire, adoptés en 2015, 12 ont trait spécifiquement aux droits de l’homme et si on y ajoute les questions environnementales et les normes internationales du travail, c’est en fait la quasi-totalité de ces objectifs qui touchent, de plus ou moins près, les droits humains. La récente pétition du Siècle en France, qui a réuni plus de 2 millions de signatures, par laquelle quatre organisations de défense de l’environnement entendent se porter en justice contre l’État français pour manquement à ses obligations en matière de lutte contre le changement climatique ne vise-t-elle pas à créer, un droit positif, celui à un environnement sain, durable et protégeant les « droits » des générations futures ? Après tout qui dans les années 1980 croyait qu’une Justice pénale internationale allait voir le jour, aussi imparfaite soit-elle ? Les auteurs y consacrent une entrée bien fournie. C’est dire l’ampleur du champ d’investigation de cet Atlas.
Une quarantaine de droits y sont passés en revue, dont en particulier ceux des enfants (1989), des femmes – toujours les plus mal protégées –, des diverses minorités, ainsi que la gamme des droits nouveaux, dont bon nombre sont controversés et loin d’être universels (PMA – Procréation médicalement assistée –, GPA – Gestation pour autrui –, etc.). La conquête des droits de l’homme a été longue et parfois malaisée, et l’on voit que les objectifs fixés par les législateurs, nationaux ou internationaux, sont loin d’être atteints. On parle de plus en plus de crise des droits ou des droits en crise et pas seulement en raison de la lutte antiterroriste. Les moyens modernes d’investigation, de contrôle, de censure ou d’intervention des divers États qualifiés d’autoritaires ou non se sont considérablement amplifiés, à voir le cas chinois qui met en surveillance l’ensemble de sa population et en détention de 1 à 1,5 million de Ouïghours dans 220 camps de rééducation. On voit que l’universalité des droits de l’homme est loin d’être uniforme.
Catherine de Wenden rappelle dans sa préface les dispositions, jamais appliquées de la Constitution de 1793, qui se référait au bonheur, dont Saint-Just avait dit qu’il s’agissait d’une idée nouvelle en Europe, à la souveraineté populaire, à la liberté du commerce et de l’industrie, à l’interdiction du servage (qui fut interdit en Mauritanie en 1978 !) mais qui subsiste encore : la carte des pages 44 et 45 est éloquente à ce sujet. L’Organisation internationale du travail (OIT) considère que 40,3 M de personnes dans le monde sont touchées dont 24,9 M par le travail forcé et 4,8 M pour exploitation sexuelle. Une victime sur quatre est un enfant, et les femmes et les filles constituent 71 % des victimes. Les millions de travailleurs forcés génèrent 150 milliards de dollars de profits illégaux par an. Il faut y ajouter l’exploitation des prisonniers par les régimes répressifs. Le texte de 1793 dissociait la citoyenneté de la nationalité, ce qui pose notamment la question du droit de vote des étrangers, question hautement controversée au sein de l’Union européenne (UE). Enfin, notion guère mise en œuvre, il assortissait à ces droits des droits à la société (droits créances).
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