La pandémie du Covid-19 a vu la mise en œuvre d’avions gros porteurs pour acheminer depuis la Chine des millions de masques. Les appareils An-124 et An-225 photographiés par les spotters notamment sur l’aéroport de Vatry et mis en œuvre par une compagnie ukrainienne sont de beaux « vestiges » de l’URSS. Alors que les États-Unis disposent de 130 C-5 Galaxy, les An-124 et l’unique An-225 sont largement employés par les pays occidentaux. La Russie dispose également d’An-124 mais la rupture entre Moscou et Kiev a arrêté la coopération sur la maintenance. Leur emploi au cours de la crise actuelle démontre cependant l’absence d’un vrai gros-porteur stratégique conçu et produit en Europe.
Les Antonov en guerre contre le Covid (T 1168)
An-124-100 M Condor présenté par Antonov Airlines au Salon Eurasia 2018. Une production sous licence serait envisagée en Chine. (© François Brévot)
The Covid-19 pandemic has seen the use of jumbo jets to transport millions of masks from China. The An-124 and An-225 aircraft photographed by spotters in particular at Vatry airport and implemented by a Ukrainian company are beautiful "remains" of the USSR. While the United States has 130 Galaxy C-5s, the An-124s and the single An-225 are widely employed by Western nations. Russia also has An-124 but the rupture between Moscow and Kiev has stopped cooperation on maintenance. Their use during the current crisis, however, demonstrates the absence of a real strategic jumbo jet designed and produced in Europe.
Ce dimanche 19 avril 2020, un Antonov An-225 (ci-contre en 2016, © Petr Beran) se pose sur l’aéroport de Vatry (Champagne) aux couleurs civiles de l’opérateur ukrainien Antonov Airlines pour déposer du fret médical à la demande de clients civils. Prises dans des circonstances dramatiques, ces images réconfortantes rappellent l’exposition du plus gros avion du monde au Salon du Bourget en 1989 sous les couleurs alors de l’Union soviétique.
Cette journée marque l’histoire de l’aviation en France et dans le monde, à l’occasion d’une crise sanitaire de dimension planétaire. Armés de leurs soutes aux dimensions imbattables – 1 050 m³, 26 m de long, 6,4 m de large et 4,4 m de hauteur –, et d’un pont roulant de 30 tonnes, les Antonov An-124 jouent un rôle inédit dans une guerre sanitaire. Il s’agit d’un authentique pont aérien acheminant des millions de masques, gants chirurgicaux, tenues de protection, lunettes ou respirateurs. Le tout est chargé depuis les plateformes chinoises de Shenzhen (à côté de Hong Kong, Sud de la Chine), Shanghai (Est) ou Tianjin (Nord-Est). Les compagnies aériennes chargées d’acheminer ces cargaisons viennent d’Ukraine (Antonov) et de Russie (Volga-Dnepr), et elles ne sont plus interconnectées entre elles. De fait, les An-124 (et l’unique An-255 ukrainien) ne sont affrétés que par deux seuls États qui, il y a 5 ans, ont cessé toute coopération technique et logistique entre eux, sur ces gros-porteurs qui furent pourtant leurs programmes communs depuis l’URSS. Désormais, deux centres de maintenance fonctionnent en autonomie, celui d’Antonov à Kiev-Borispol et celui d’Aviastar-SP à Oulianovsk, la ville sur la Volga qui a vu naître Vladimir Illitch.
Antonov Airlines, un acteur central et ukrainien
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