La présence non reconnue d’une base chinoise dans la région du Wakhan, à la lisière de l’Afghanistan et de la Chine où l’altitude moyenne dépasse les 3 000 m semble montrer la volonté de Pékin d’accroître son contrôle dans ces territoires éloignés mais permettant des échanges entre la communauté musulmane des Ouïgours et leurs coreligionnaires dans les États voisins. À l’heure où les États-Unis se désengagent de cette zone, la Chine, appuyée par Moscou chercherait à y accroître son influence et à contrôler des axes qui pourraient devenir importants pour les échanges économiques dans le futur.
Le corridor du Wakhan et le renforcement de la présence militaire chinoise en Asie centrale (T 1248)
Chinese Military Facility in Tajikistan, OSW Poland, 2019
The unrecognized presence of a Chinese base in the Wakhan region, on the border of Afghanistan and China where the average altitude exceeds 3,000 m seems to show Beijing's desire to increase its control in these territories distant but allowing exchanges between the Muslim community of the Uighurs and their co-religionists in the neighboring States. At a time when the United States is withdrawing from this area, China, supported by Moscow, would seek to increase its influence there and to control axes which could become important for economic exchanges in the future.
Le corridor du Wakhan est une étroite bande de territoire appartenant à l’Afghanistan, située à l’intersection des zones de conflits séparant le Tadjikistan, le Pakistan et le Cachemire (Pakistan). Le corridor, coincé entre les montagnes du Pamir au nord et les montagnes du Karakoram au sud, long d’environ 350 km, large de 13 à 65 km pour une altitude entre 3 037 m et 4 923 m, qui relie les communautés musulmanes ouïgoures du Xinjiang (Chine occidentale) et celles d’Asie centrale, ce qui explique son importance stratégique pour Pékin, qui souhaite endiguer la présence de groupes terroristes dont le Parti islamique du Turkistan (TIP), le Mouvement pour l’indépendance du Turkestan oriental (ETIM) et d’autres organisations qui opèrent des deux côtés de la frontière (1).
Le corridor est fermé à la circulation régulière depuis plus d’un siècle et on y trouve peu d’infrastructures. Cependant, il subsiste une route accidentée entre Ishkashim et Sarhad-e Broghil, construite dans les années 1960, ainsi que des chemins rudimentaires en dehors de cette zone. Ces chemins s’étendent sur une centaine de kilomètres depuis l’extrémité de la route jusqu’à la frontière chinoise au col de Wakhjir, et plus loin jusqu’à l’extrémité du Petit Pamir.
Dans ce contexte, l’ouverture informelle d’une base militaire chinoise (information indisponible en sources ouvertes) au Tadjikistan, près du corridor du Wakhan, a été confirmée en 2020 par le Département américain de la Défense (DoD) dans un rapport au Congrès intitulé Military and Security Developments Involving the People’s Republic of China et soulève des questions sur les termes des accords entre le Tadjikistan et la Chine à un moment critique où les troupes de l’Otan se retirent de cette partie du monde.
Il reste 81 % de l'article à lire