Le 20 octobre 2021, Florence Parly, ministre des Armées et Thierry Burkhard, chef d'état-major des Armées ont présenté la stratégie française de la Lutte informatique d'influence (L2I). Un plan bienvenu, qui renforce les capacités du Commandement du Cyberespace (COMCYBER), et qui alerte, tant le personnel civil que le personnel militaire, sur les moyens mis en œuvre pour développer une doctrine de riposte face aux agressions de plus en plus visibles dans le domaine de l'influence dans le cyberespace. Qu'ils s'agisse d'opérations de déstabilisation organisées sur les réseaux sociaux ou de manipulation de l'information à des fins d'influence de l'opinion publique, les dangers dans la sphère informationnelle sont de plus en plus visibles, notamment à l'heure où la France entre dans la période cruciale de l'élection présidentielle de 2022.
La lutte informatique d’influence dans le cyberespace : une doctrine pour appuyer les opérations militaires (T 1331)
(© Gerd Altmann / Publicdomainpictures)
On October 20, 2021, Florence Parly, Minister of the Armed Forces, and Thierry Burkhard, Chief of the Armed Forces Staff presented the French strategy for IT influence control (L2I). A welcome plan, which strengthens the capacities of the Cyberspace Command (COMCYBER), and which alerts both civilian and military personnel to the means implemented to develop a response doctrine in the face of increasingly visible attacks in the realm of influence in cyberspace. Whether it is destabilization operations organized on social networks or manipulation of information for the purpose of influencing public opinion, the dangers in the informational sphere are increasingly visible, particularly in when France enters the crucial period of the presidential election of 2022.
Dégradation avérée du contexte mondial, environnement international incertain, remise en cause des équilibres géopolitiques : ce sont les termes utilisés par l’Actualisation stratégique 2021 pour décrire des inflexions majeures à l’œuvre. Le retour des jeux de puissances se manifeste notamment en Méditerranée, en Afrique ou en mer de Chine méridionale. Le triptyque paix-crise-guerre n’est plus pertinent et, comme le précise le général Burkhard, chef d’état-major des armées (Céma), dans sa vision stratégique, la bascule s’est faite vers celui de compétition-contestation-affrontement. Si la compétition entre nations est le mode normal d’expression de la puissance, elle s’est durcie. La contestation se caractérise par la transgression des règles communément admises, souvent par le biais de stratégies hybrides, rendant la compétition inégale. L’affrontement intervient lorsque l’un des protagonistes décide d’employer la force pour atteindre ses objectifs.
Les menaces qui pèsent sur notre sécurité se font ainsi chaque jour plus proches, plus vives, plus complexes. L’extension de la conflictualité aux nouveaux espaces (cyberespace, champ informationnel, espace exo-atmosphérique…) est désormais une caractéristique incontournable de notre environnement stratégique actuel. La contagion dans le champ informationnel de la crise de la Covid-19 nous l’a confirmé.
Dans le domaine cyber, les tendances et défis identifiés en 2017-2018 dans le cadre de la Revue stratégique de cyberdéfense se sont confirmés, voire accrus. C’est le cas notamment « des actions de propagande ou de déstabilisation menées à grande échelle, soigneusement préparées et orchestrées », exploitant à plein ce nouvel espace numérique d’expression. L’Actualisation stratégique de 2021 prend acte de cette évolution : « Le champ informationnel, investi par les moyens numériques, est devenu une part clé des conflits, touchant les forces, les institutions et les populations. »
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