Il y a 60 ans, la guerre froide atteignait son paroxysme quand les Américains découvraient les Soviétiques installaient des fusées nucléaires pouvant frapper le territoire américain.
La crise des missiles de Cuba (14-28 octobre 1962) (T 1433)
Photographie américaine dévoilant les missiles balistiques à moyenne portée installée à Cuba
Il y a soixante ans, la crise de Cuba entre les États-Unis et l’Union soviétique, a constitué le point culminant de la guerre froide ; le monde, dans la mémoire collective, avait frôlé l’apocalypse nucléaire, alors que la réalité du risque était beaucoup plus centrée sur celui d’un affrontement américano-soviétique direct, pouvant effectivement dégénérer en risque nucléaire.
Tout débute, du côté américain, le 14 octobre 1962, il y a soixante ans, lorsqu’un appareil de reconnaissance Lockheed U-2 Dragon Lady (le même type d’appareil que celui abattu au-dessus du territoire soviétique le 1er mai 1960) rapporte d’un vol de routine au-dessus de Cuba la preuve formelle de l’importance de l’activité militaire soviétique qui se développe dans l’île depuis l’été, avec l’accord plein et entier de Fidel Castro au pouvoir depuis trois ans : les clichés montrent l’existence de rampes de lancement de missiles de moyenne portée, c’est-à-dire des missiles de théâtre selon la dénomination qui leur sera donnée ultérieurement, dans la région de San Cristobal, à l’extrémité occidentale, système d’armes en mesure d’atteindre le territoire américain (Floride et les États du Sud). La menace est tangible, directe et inadmissible pour les États-Unis.
L’Administration Kennedy ne pouvait en aucune mesure accepter le fait accompli, même si, à l’époque, les instances dirigeantes américaines ignoraient totalement la réalité de la faiblesse stratégique de leur compétiteur soviétique ; en dépit des succès de leurs vols spatiaux habités et des rodomontades de Nikita Khrouchtchev, l’Union soviétique ne disposait alors que d’un maximum de soixante-quinze missiles intercontinentaux, contre quatre fois plus détenus par les États-Unis. En fait, ce qu’on ignorait toujours à Washington, c’est que Moscou cherchait à compenser en partie ce déficit, en recourant à des missiles de théâtre, en mesure de frapper également le territoire américain, sanctuarisé par la dissuasion. Il convient également de ne pas perdre de vue le contexte général de la guerre froide, notamment la crise de Berlin : Khrouchtchev voulait se servir de ce déploiement de missiles pour pouvoir exercer un chantage sur Kennedy ; cela faisait presque quatre ans que Khrouchtchev échouait à transformer Berlin en « ville libre », c’est-à-dire neutralisée. En visite à Berlin, devant le « Mur » monté depuis deux ans (dans la nuit du 12 au 13 août 1961), à hauteur de la Porte de Brandebourg alors en secteur soviétique, Kennedy lancera « Ich bin ein Berliner », le 26 juin 1963.
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