Dans cette deuxième partie de son parcours des atlas stratégiques 2023, Eugène Berg fait le point sur les publications qui ont trait à la rivalité entre les États-Unis et la Chine.
L’entrée dans une nouvelle ère (2/3) Le duel sino-américain conduira-t-il à la guerre ? (T 1450)
L’Harmattan, 2022, 338 pages
L’affrontement de plus en plus prévisible, entre les États-Unis et la Chine a donné lieu, depuis une quinzaine d’années, à un florilège d’écrits au point que l’on se demande ce que chaque nouveau livre peut apporter. Eduardo Olier se place dans la longue durée en élargissant le fameux piège de Thucydide : Les guerres puniques du XXIe siècle – L’affrontement entre les États-Unis et la Chine pour l’hégémonie mondiale. Dans ce contexte, il semble que la Chine veuille dominer le monde au cours de ce siècle, d’est en ouest. Un pays communiste – communiste à la chinoise – qui, ayant déjà dominé plusieurs pays de son voisinage, va tenter d’imposer son immense pouvoir aux sociétés occidentales, en évitant par tous les moyens tout processus d’ouverture et de démocratisation de son propre pays. Un pouvoir qui se manifeste déjà dans la sphère économique et qui devrait atteindre en temps voulu les sphères politique et culturelle. C’est ainsi qu’on l’entend en Occident, et surtout aux États-Unis qui ont décidé de freiner cette prétendue expansion. Il est donc compréhensible que l’Occident et, par conséquent, les États-Unis craignent qu’une telle éventualité devienne une réalité et, pour la combattre, aillent jusqu’à lancer une guerre contre le géant asiatique, comme Sparte l’a fait avec Athènes en 431 av. J.-C., connu plus tard sous le nom de guerre du Péloponnèse. Un affrontement que le politologue étasunien Graham Allison, à la suite de l’historien grec Thucydide, a défini comme le « piège de Thucydide », dans le sens où la peur est l’une des causes de la guerre. Cela étant, il semble que le scénario géopolitique soit parfaitement clair et qu’il n’y ait rien. C’est l’opinion admise en Occident et personne, en général, ne la remet en cause.
Où se situe l’Europe dans ce scénario ? L’Europe n’existe pas géopolitiquement. Sa faiblesse réside dans l’inexistence d’un « sujet politique » européen. En attendant, la Chine va de l’avant avec Confucius en ligne de mire : sa politique, très active économiquement à court terme, avance lentement, laissant tout à ce qui peut arriver à long terme. Un long terme qu’elle façonne à coups de petites avancées et une patience qui s’accommode mal des schémas occidentaux, toujours en demande de résultats rapides. Des différences d’action dans lesquelles la Chine domine la relativité de l’espace-temps, tandis que l’Occident, avec les États-Unis en tête, confond l’espace avec le temps. Une sorte de « piège de la mondialisation » dans lequel l’Occident est plongé depuis de nombreuses années, lorsqu’il a décidé de transférer sa capacité de production vers l’est et, surtout, vers la Chine, devenue l’usine du monde. Le XXIe siècle sera donc marqué par le problème de l’expansion chinoise, qu’il s’agisse d’une expansivité économique ou d’une augmentation de sa puissance militaire dans les domaines qu’elle considère comme stratégiques pour sa survie ou sa progression en tant que nouvel hegemon mondial.
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