Dans cette dernière partie de son panorama des atlas 2023, Eugène Berg s'intéresse aux enjeux africains.
L’entrée dans une nouvelle ère (3/3) L’Afrique face au monde (T 1451)
Ramsès consacre son troisième dossier au limes africain : « Ordres et désordres africains ». Notre relation à l’Afrique allie à la fois marque d’altérité et espace d’échange. Cette distance et cette proximité nous sont imposées par la géographie, l’histoire et la circulation des hommes. Diverses entrées saisissent la diversité africaine, notamment « Peut-on parler d’Afrique(s) ? » (Camille Haba et Sina Schlimmer). On voit que l’héritage colonial n’est toujours pas digéré, ni d’un côté ni de l’autre. Il perdure dans les têtes et les institutions, en dépit de la multiplicité et la diversité des États. Les conflits locaux ou régionaux, qui traversent nombre de zones du continent s’insèrent de plus en plus dans des logiques géopolitiques plus larges, à mesure que pèsent, se déploient, les acteurs extérieurs. Bien des sujets sont examinés. « Comprendre les engagements russes en Afrique » (Arnaud Kalika), qui semblent faire écho à l’assèchement de la relation russo-occidentale. Mais entre la Chine et la Russie, le combat en Afrique semble perdu d’avance : la première détient 19,6 % des parts de marché contre 2,4 % pour la Russie. « La Turquie en Afrique » (Élisa Domingues Dos Santos) nous apprend que le pays a également considérablement étendu sa présence sur le continent. Elle compte 43 ambassades, réseau qui se superpose à celui de la Turkish Airlines, qui dessert, depuis la Turquie, 61 destinations. Entre 2003 et 2020, les échanges commerciaux avec l’Afrique sont passés de 5,1 milliards à 29,45 Mds$.
L’Atlas géopolitique mondial 2023, en dehors des ports chinois ou du pont sur le Zambèze, reliant la Zambie au Botswana, ne porte que sur les conflits (Tigré, République démocratique du Congo), la discorde au sujet du grand barrage sur le Nil ou les insécurités et tensions foncières. C’est relativement peu pour un continent aussi vaste, si proche de nous.
Courtisés pour leurs ressources en gaz et en pétrole, les pays africains évoluent aujourd’hui dans une configuration multipolaire plus favorable qu’ils tentent de mettre à profit depuis quelques années notamment pour obtenir au Conseil de sécurité des Nations unies, via le Groupe des États d’Afrique qui représentent 25 % des États-membres, cinq sièges de non-permanents au lieu des trois actuels sur 15 et deux sièges permanents. Le Nigeria et l’Afrique du Sud sont des candidats naturels à des places qui supposent une réforme de l’ONU, pour l’heure, et sans doute encore pour longtemps, ensablée. Cependant, ces efforts légitimes pour une meilleure représentation dans les instances internationales commencent à porter leurs fruits : en 2021, la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala est devenue la première femme et la première Africaine à être désignée directrice de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La voix des Africains résonnera d’autant plus qu’elle sera unie et c’est tout l’enjeu du renforcement des organisations régionales qui ont leur partition à jouer dans un concert diplomatique à l’échelle mondiale.
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