En plus d'être une guerre de haute intensité, le conflit actuel entre la Russie et l'Ukraine est une guerre de l'information. Du révisionnisme historique de Moscou à l'entrisme de la propagande russe dans les sphères d'opinions russe et occidentale, retour sur les différents aspects de la désinformation dans la guerre en Ukraine.
La désinformation dans la guerre en Ukraine (T 1514)
© Gerd Altmann / Public Domain Pictures)
La désinformation occupe toujours une place essentielle dans les guerres. Dans celle de la Russie contre l’Ukraine, ce grand jeu de la propagande et de la duperie a pris un caractère singulier qui va bien au-delà du champ opérationnel sur le terrain. Pour convaincre de la justesse de son intervention militaire, le Kremlin a introduit une dimension beaucoup plus large qui met en relief une réécriture de l’histoire et un argumentaire mobilisateur assimilant le conflit en cours à un affrontement des civilisations.
Le révisionnisme historique
Pour justifier l’invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine revisite l’histoire de la Russie. Dans un article publié à l’été 2021 (« De l’unité historique des Russes et des Ukrainiens »), il affirme que « les Russes et les Ukrainiens constituent un seul peuple qui appartient au même espace historique et spirituel », niant, de ce fait, l’existence de la nation ukrainienne. Cette assertion inexacte a été démentie par un sondage effectué peu après par l’ONG Rating Group Ukraine sur l’ensemble de la population ukrainienne : seulement 41 % des personnes interrogées approuvaient cette prise de position. Les opinions étaient cependant tranchées entre la partie orientale du pays (60 % en accord) et la partie occidentale (70 % en désaccord, tout comme les partis politiques opposés au Kremlin qui réfutent à 80 % cette position) (1). Pour accréditer ces chiffres, il faut bien avoir à l’esprit que l’ONG qui a réalisé l’enquête est spécialisée dans tous types de recherches sociologiques conformément aux normes internationales approuvées par l’association européenne pour les études d’opinion.
Après la chute du mur de Berlin (1989), les faits ont donné tort à Vladimir Poutine. Le désir de souveraineté de l’Ukraine s’est d’abord pleinement manifesté par l’acte de proclamation d’indépendance du pays par le Soviet suprême d’Ukraine, le 24 août 1991. L’événement sera confirmé par un référendum le 1er décembre suivant : le « oui, je confirme la déclaration d’indépendance de l’Ukraine du 24 août » obtenait 90,32 % des suffrages exprimés (95,52 % à Kiev), et le « non » 7,58 %. Les résultats étaient toutefois moins probants en Crimée, où le « oui » obtenait 54,19 % des voix (2). Au vu de ces résultats, force est de constater que la volonté d’indépendance de l’Ukraine est indiscutable.
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