Dans son nouvel éditorial, le général Pellistrandi revient sur l'image du week-end : la rencontre bilatérale entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky en plein cœur de la basilique Saint-Pierre de Rome, alors même que le défunt pape François y repose, à quelques mètres des deux hommes. Le monde était réuni à Rome samedi 26 avril pour les obsèques du pape François auxquelles une personnalité a brillé par son absence : Vladimir Poutine.
Éditorial – Vatican : 1, Russie : 0
Donald Trump et Volodymyr Zelensky échangent dans la basilique Saint-Pierre de Rome (© Ukraine Presidency)
Editorial —Vatican-1, Russia-0
In his new editorial, General Pellistrandi analyzes the image of the weekend: the bilateral meeting between Donald Trump and Volodymyr Zelensky in the heart of St. Peter's Basilica in Rome, while the late Pope Francis lies buried there, just a few steps away from the two men. The world gathered in Rome on Saturday, April 26, for the funeral of Pope Francis, but one notable figure was absent: Vladimir Putin.
Les obsèques du pape François, ce samedi à Rome, étaient de facto un événement planétaire au regard de l’importance du catholicisme dans le monde, de la personnalité du pape décédé au lendemain de Pâques et de l’environnement géopolitique en plein chaos avec les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, et l’arrivée de l’administration « Trump II », non seulement disruptive mais agressive en particulier à l’égard de ses alliés traditionnels. La présence annoncée de Donald Trump laissait présager de nombreuses expectatives avec la contradiction entre un Président ne cessant de faire le show et le protocole du Vatican totalement imperméable aux débordements et aux excentricités.
La surprise médiatique a été totale avec cet entretien (certes court) en plein cœur de la Basilique Saint-Pierre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump. Deux hommes aux tempéraments si différents, non catholiques par ailleurs et de ce fait peu familiers de la pompe vaticane, et dont l’affrontement dans le Bureau ovale avait marqué toute la planète. L’humiliation infligée au Président ukrainien combiné à l’alignement sur les positions de Moscou laissait présager depuis plusieurs semaines le pire avec le risque d’un abandon en pleine ligne de l’Ukraine en l’obligeant à capituler devant le Kremlin, intransigeant dans son immobilisme, manquant de la moindre empathie envers la population civile et refusant la moindre concession.
Certes, il ne s’est agi samedi que d’un court entretien, peut-être d’une forme de confession mutuelle sous les voutes Renaissance du plus grand édifice de la chrétienté chargé d’une histoire deux fois millénaire. Certes, autour des deux hommes, d’autres s’affairaient comme le président Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, mais aussi les diplomates du Vatican en soutane noire, mais ô combien actifs pour que cette rencontre se déroule dans les meilleures conditions. Ce fut le cas, même si le verbatim de la discussion nous est inconnu. Quoiqu’il arrive, la photo marquera l’histoire apportant un peu de sérénité autour de cette guerre imposée par Moscou.
Il est encore évidemment trop tôt pour savoir si cet échange va réellement modifier les positions de la Maison Blanche, mais il y a eu un effet médiatique majeur, confortant un peu l’Ukraine mais démontrant aussi que Rome a été le centre du monde ce samedi.
L’ampleur de l’hommage mondial au pape François a été une réalité palpable tant par les nombreuses délégations officielles que par les pèlerins présents de la Place Saint-Pierre jusqu’à la basilique Sainte-Marie-Majeure, lieu de l’inhumation de Franciscus. De fait, avec le protocole du Vatican, sous un ciel bleu limpide, ce samedi a été ainsi extraordinaire, marginalisant, en quelque sorte, les absents et en particulier Vladimir Poutine. En effet, celui-ci est sous la coupe d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) au regard des crimes commis par son armée en Ukraine, mais son absence a été doublement pénalisée : il n’était pas parmi les dirigeants du Monde et la photo de Donald Trump avec Volodymyr Zelensky l’a marginalisé.
Il faut cependant rester prudent : un entretien ne va pas faire basculer la situation en Ukraine, mais il marque un infléchissement notable pour Washington. Les discussions resteront complexes et difficiles avec quelles concessions de part et d’autre, quelles garanties de sécurité pour l’Ukraine, quel rôle pour les Européens avec en filigrane l’avenir de la sécurité de l’Europe et le devenir du lien transatlantique, très malmené depuis près de cent jours ?
Entre l’image d’espoir portée par cette rencontre habilement conduite par la diplomatie vaticane et la reconnaissance aujourd’hui par le Kremlin de l’« héroïsme » des soldats nord-coréens combattant pour « libérer » la Russie, il faut l’admettre, c’est bien saint Pierre qui l’a emporté. ♦