La bataille du Chemin des Dames a été officiellement commémorée le 16 avril 2017, exactement 100 ans après l'offensive décidée par le général Nivelle qui entraîna la mort de 30 000 Poilus en 10 jours.
Le centenaire de la bataille du Chemin des Dames (T 887)
The centenary of the Second Battle of the Aisnes
The Second Battle of the Aisnes was officially commemorated on April 16, 2017, exactly 100 years after the offensive decided by General Nivelle, which resulted in the death of 30,000 Poilus (WWI French soldiers) in 10 days.
Le dimanche 16 avril 2017, le chef de l’État français s’est rendu dans l’Aisne pour commémorer le centenaire de la bataille du Chemin des Dames, l’un des plus grands échecs français de la Première Guerre mondiale ayant entraîné la perte de 187 000 Français et de 163 000 Allemands (morts ou blessés). C’était la dernière cérémonie mémorielle du quinquennat de François Hollande.
Cette bataille apparaissait comme un épisode douloureux, difficile à honorer puisqu’elle entraîna des mutineries qu’il est d’ailleurs impossible à quantifier. En effet, l’offensive très meurtrière et militairement désastreuse dans cette seconde bataille de l’Aisne poussa les soldats à se mutiner et certains furent fusillés pour l’exemple. Cette bataille a été marginalisée de l’histoire certes pour les mutineries et ses fusillés mais également pour deux autres raisons : les grandes pertes et l’échec d’une offensive du commandement français. Cette marginalisation a connu une rupture en 1998 lorsque le Premier ministre Lionel Jospin réintégra les fusillés dans la mémoire collective, une déclaration critiquée à l’époque par le président Jacques Chirac. Dix ans plus tard, Nicolas Sarkozy déclara, non au Chemin des Dames mais à Douaumont, que les fusillés n’étaient pas des lâches. La venue de François Hollande au Chemin des Dames était d’ailleurs une première pour un chef d’État.
L’échec sanglant du Chemin des Dames
Le 16 avril 1917, le général Nivelle, « le boucher », lançait une offensive. Pour venir à bout des lignes allemandes, il compte sur le nombre. Sur le plateau de Californie, nom de la partie orientale du Chemin des Dames, les troupes allemandes ont établi une forteresse au pied de laquelle les soldats français viendront s’amonceler en tas de cadavres. 30 000 hommes tombent en dix jours. Malgré ces immenses pertes, le général Nivelle ne cesse de donner l’ordre de repartir à l’assaut. Les soldats, épuisés et conscients de la dimension presque imprenable de ce lieu, protestent : se battre oui, mais se sacrifier pour rien non. Trois formes de protestation sont à relever : de rares émeutes violentes à l’égard des généraux, des réclamations très respectueuses envers la hiérarchie sous forme de pétitions et des désertions individuelles. Il faut avoir conscience que les soldats ont le sentiment d’être envoyés à une mort certaine par des officiers qui n’ont pas pris en compte la difficulté du terrain, bien trop escarpé, et ce que cela signifiait de monter au feu dans ces conditions. La montée de la colline menant en haut du plateau en plus d’être abrupte se fait sous les tirs des mitrailleuses des Allemands solidement retranchés en haut du plateau dans la « Caverne du Dragon » : nom donné par les Allemands à la grotte qu’ils avaient fortifiée, car le feu des mitrailleuses ressemblait aux flammes des dragons. De plus, les soldats portent 30 kg d’équipement sur le dos et les conditions climatiques sont catastrophiques, la neige et la pluie ayant fait de la colline un océan de gadoue. Les quelques soldats français qui arriveront jusqu’au plateau au bout de plusieurs heures d’efforts, seront pris à revers par les Allemands sortant de la caverne du Dragon. D’une certaine manière, pour les soldats qui avancent en 1917, on retrouve l’expérience des offensives mal préparées de 1914-1915. Le général Nivelle sera écarté en mai 1917 mais le général Pétain, qui lui succédera, ne montrera aucune clémence envers les mutins, faisant fusiller les soldats en refusant les grâces demandées.
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