Florilège historique

L’indépendance récente (9 juillet 2011) du Soudan du Sud suite à un référendum est la conséquence de la difficile intégration du Sud noir chrétien avec le Nord arabe et musulman. Le général Gaafar Nimeiry avait réussi à obtenir un fragile équilibre en accordant l’autonomie au Sud : c’est ce que nous explique l’auteur, Pierre Rondot (spécialiste du monde arabe et de l'islam) dans cet article de mai 1979.

En 1946, les États-Unis procédaient à des essais spectaculaires d’armes atomiques sur l’atoll de Bikini en utilisant d’anciens navires de combat pour mesurer leur résistance à l’impact. Ces expérimentations sans précédent ont pu apporter de nombreux enseignements concernant tant les effets des bombes nucléaires que la capacité relative des bateaux à subir de telles frappes. L’emploi de drones pour récupérer des données a également permis de mieux comprendre le séquencement des explosions. Les leçons ainsi tirées ont contribué à avoir une meilleure connaissance des effets dévastateurs de la bombe.

Caractérisée par ce qu’on a appelé une stratégie globale et une tactique insulaire, la campagne du Pacifique offre les plus parfaits exemples de la coopération et de la coordination des trois armes. C’est pourquoi, même à l’ère atomique, il y a un profit certain à étudier ces débarquements de vive force et ces combats acharnés qui se sont toujours terminés par l’anéantissement total de l’adversaire. Nulle part on n’a vu victoire aussi complète.

En juin 1965, le colonel Boumedienne renversait le président Ben Bella, traduisant de fait une inflexion importante dans la gouvernance de l’Algérie post-guerre d’indépendance. L’analyse à chaud de ce coup d’état voulait démontrer une volonté de changement de cap avec une approche plus pragmatique pour la nouvelle direction récusant une démarche trop idéologique suivie jusque là.

Début juin 1967, la Guerre des six jours éclatait à la surprise quasi générale, remettant la question de la Palestine sur l’échiquier international, alors que les États-Unis étaient focalisés sur le conflit au Vietnam et que l’URSS poursuivait sa politique de soutien à de nombreux pays dits du Tiers-Monde. Pierre Rondot s’interrogeait alors sur les conséquences de cette guerre éclair.

Le 1^er juin 1870, Clausewitz naissait près de Magdebourg. À l’âge de douze ans, il débute sa carrière militaire comme Fahnenjunker et à 21 ans il intègre l’Académie militaire à Berlin. Au delà de l’œuvre du stratège, il faut souligner l’émergence, voire le foisonnement d’une école de pensée sur l’art militaire, en langue allemande, favorisée par le Roi de Prusse, contrastant malgré tout avec la situation française où depuis Guibert, la réflexion sur l’art de la guerre était un peu en retrait.

Il est des conflits gelés qui pèsent encore aujourd’hui sur les choix stratégiques de certains États et qui contribuent à maintenir des tensions qui dégénèrent régulièrement avec des incidents frontaliers. Le Cachemire revendiqué par le Pakistan et le Tibet annexé par la Chine ont été et restent des zones de confrontation majeure entre des États qui de plus sont des puissances nucléaires. Ces enjeux demeurent et contribuent aux surenchères nationalistes assumées sans ambiguïté dans cette région.

Alors que la Drôle de Guerre figeait temporairement la ligne de front à l’hiver 1940, la protection des monuments historiques fut un des enjeux de cette période avec des actions systématiques s’appuyant sur le retour d’expérience du conflit précédent. Le paradoxe est que cette question reste toujours d’actualité au vu des destructions sciemment conduites contre des biens culturels, par les Talibans en Afghanistan avec les statues géantes de Bâmyân, AQMI avec les mausolées de Tombouctou, ou plus récemment Daech à Palmyre.

Un instantané précis de la vie à Berlin en 1947.

Jules Moch (1893-1985) est un personnage politique emblématique de la France des années 1930 jusqu’aux années 1960. X et ingénieur du génie maritime, il est ministre du Front populaire. En juillet 1940, il fait partie des 80 parlementaires qui refusent les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Engagé dans la Résistance, il ne sera jamais Gaulliste. De nombreuses fois ministre de la IV^e République, il occupe des portefeuilles régaliens dont la Défense et l’Intérieur.

La conquête de la Prusse orientale au début de 1945 a vu des combats acharnés tant de la part de la Wehrmacht que du côté soviétique. Pour les Allemands, il s’agissait de défendre une terre considérée comme appartenant depuis toujours au Heimat Land. Pour Moscou, il fallait éliminer la présence allemande sur ces territoires qui seront par la suite partagés entre la Pologne et l’URSS. Il faut souligner à cet égard que la disparition de la Prusse orientale a été longtemps vécue comme un traumatisme allemand d’autant plus qu’il n’y a eu aucune compensation de la part des vainqueurs soviétiques. Lors de la réunification en 1989, la question d’une éventuelle revendication allemande sur l’ex-Prusse orientale a été définitivement réglée avec l’acceptation par Bonn de la Ligne Oder-Neisse.

La nationalisation du canal de Suez en 1956 a suscité, outre l’intervention franco-britannique de novembre, de nombreuses interrogations, notamment sur la capacité des autorités locales à faire fonctionner correctement cette voie d’eau. De fait, l’exploitation de celle-ci a toujours été complexe et nécessite du personnel, des compétences et des moyens pour répondre aux exigences d’un trafic commercial en croissance régulière. Cet article de 1957 soulignait ainsi les difficultés probables que les Égyptiens allaient rencontrer suite aux choix politiques effectués. Il faut souligner que le canal fut fermé de 1967 à 1975 en raison du conflit avec Israël. Ce texte rappelle également combien la France y jouait un rôle important depuis la construction dirigée par Ferdinand de Lesseps sous le Second Empire.

Alors que les relations américano-cubaines connaissent un renouveau historique marqué par la récente visite du Président Obama sur l’île castriste, il n’est pas inutile de revenir sur le contentieux qui culmina en 1962 avec la crise des missiles. Hervé Savon qui participa aux travaux de l’Institut français de polémologie fondé par Gaston Bouthoul en 1945, proposait en 1971 une relecture de ces événements avec le paradoxe que l’URSS semblait être, une décennie plus tard, dans une dynamique porteuse, au contraire des États-Unis englués alors dans le bourbier vietnamien.

Du 10 avril au 8 juin 1940, la France et la Grande Bretagne conduisirent la bataille de Narvik avec pour objectif principal de couper la route du fer suédois à l’Allemagne nazie. Celle-ci anticipa l’action franco-britannique. Si l’héroïsme et la valeur des troupes engagées furent à la hauteur, cet article se proposait d’analyser les nombreuses erreurs commises par les Alliés dans l’organisation, la conduite et le soutien de cette opération combinée.

La Somalie fait partie de ces États dont l’existence n’est que guerres et violences, sans perspective réelle de développement à moyen terme. Cet article de 1993 montrait déjà combien la situation était dramatique d’autant plus que la Somalie n’a jamais réellement constitué un pays unifié et a toujours été divisée par des rivalités locales entre tribus, clans et modes de vie. Et de ce fait, la plupart des interventions extérieures, même à des fins humanitaires, ont échoué faute d’un minimum de consensus interne. Aujourd’hui encore, la situation reste chaotique même si les Chabab islamistes ont perdu de leur influence et que la piraterie maritime a quasiment disparu en grande partie grâce à la réussite de l’Opération Atalante conduite par l’Union européenne.

Il paraissait à l’évidence qu’en raison des liens qui existent entre les États-Unis et le Japon, et de l’avance technologique de ce dernier – même si elle est essentiellement l’œuvre des entreprises civiles –, l’Initiative de défense stratégique allait avoir des répercussions sur la position japonaise.

Les premiers assauts sur le camp retranché de Dien Bien Phu par le Viêt Minh eurent lieu entre le 13 et le 15 mars 1954. L'auteur tente de tirer une leçon de cette bataille en analysant les faits et en revenant sur les erreurs commises.

Il y a 70 ans, Winston Churchill évoquait la mise en place insidieuse d’un rideau de fer séparant l’Europe en deux entités totalement divergentes à tout point de vue. La démographie en était un des aspects avec une inquiétude côté occidental avec le risque qu’une dénatalité se transforme en un handicap stratégique. Le paradoxe est que 70 ans après, l’enjeu démographique reste une réalité incontournable avec une approche très différente entre le politique, l’économiste, le démographe et une opinion publique aujourd’hui totalement rétive à l’arrivée de « nouveaux » Européens.

La RDN venait à peine de renaître de ses cendres après un conflit qui aurait pu marquer l’effacement définitif de la France. Mais malgré l’ampleur de la défaite de juin 1940, des soldats eurent le courage, sous l’impulsion du général de Gaulle, de refuser la honte de l’armistice et reprirent les armes. Parmi eux, les hommes du futur Maréchal Leclerc qui firent le serment de Koufra.

Au début des années 1970, les habitants du Pakistan oriental se sentant délaissés par le pouvoir central, particulièrement après le typhon de Bhola, aspirent de plus en plus à l’indépendance. Un premier soulèvement est maté dans le sang en mars 1971 par le Pakistan, entraînant l’exode de millions de réfugiés vers l’Inde. Celle-ci intervient massivement et fait capituler les forces pakistanaises : le Bangladesh était né. L’équilibre du sous-continent indien était durablement modifié au grand dam de l’URSS, des États-Unis et de la Chine.

Les tensions actuelles en Mer de Chine entre le Vietnam et la Chine sont anciennes et source de confrontation armée possible. En 1979, Pékin avait déclenché une opération limitée contre Hanoï avec l’accord tacite des États-Unis, tandis que l’URSS volait au secours du régime vietnamien avec la fourniture d’armements. Cette guerre était la résultante d’une stratégie expansionniste d’Hanoï suite à la défaite américaine sur les autres pays de la péninsule indochinoise. Aujourd’hui encore, Pékin et Hanoï se regardent en « chiens de faïence ».

La question chypriote, bien que largement occultée par la crise au Levant reste un sujet sensible notamment dans le contentieux historique entre la Grèce et la Turquie. La minorité turque s’est autoproclamée indépendante dans une enclave au Nord de l’île, non reconnue par la communauté internationale exceptée Ankara. Membre de l’UE, l’État chypriote est de facto un acteur important à proximité de la ligne de front que constitue la Syrie éclatée, servant à la fois de base arrière pour l’Otan, mais étant également un paradis fiscal au grand dam de Bruxelles. Cette situation de partition, avec un conflit interne gelé, était perceptible il y a déjà un demi-siècle comme le montrait cet article rédigé en 1966.

La lutte anti-sous-marine (ASM) a été un enjeu majeur durant la guerre froide avec la présence quasi permanente à la mer d’une centaine de sous-marins soviétiques, obligeant l’Otan à contrer cette menace avec la mise en oeuvre d’un éventail diversifié de capacités ASM pour dépister ces intrus. Paradoxalement, après une longue période de réduction des moyens ASM, le retour des sous-marins russes oblige à réactiver ces moyens ASM que la France a su conserver et moderniser, à l’inverse du Royaume-Uni qui a décidé récemment de reconstituer son aviation de patrouille maritime avec l’acquisition de 8 avions Boeing P-8A. Les enseignements d’hier méritent d’être relus avec intérêt.

La crise coréenne avec l’attaque du Nord fut un révélateur des tensions au sein de l’ONU avec le commandement des forces internationales confié aux États-Unis. Initialement, les pères fondateurs de l’ONU avaient estimé et souhaité que des forces multinationales puissent agir directement pour résoudre des conflits. Las, la guerre froide limita le champ d’action de l’ONU notamment sur le plan militaire. Les conséquences de cet échec politico-militaire se sont fait sentir durant des décennies en culminant notamment en ex-Yougoslavie dans les années 1990.

Le général Chassin (1902-1970) très marqué par l’anticommunisme et catholique fervent proposait une lecture croisée des approches de Nietzsche et de Lénine sur la condition humaine, les deux rejetant l’idée même de religion mais proposant soit via le Surhomme nietzschéen, soit via la gouvernante du prolétariat, une vision totalitaire de l’Humanité.