Semaine 27/2021 : Début de la bataille de Wagram, le 5 juillet 1809

En juillet 1809, Napoléon remportait la victoire de Wagram après trois jours de combats intensifs entre les troupes de Napoléon et celles de l’Empereur d’Autriche. L’usage intensif de la cavalerie, de l’infanterie et de l’artillerie fit que les pertes furent importantes de part et d'autre. Les forces autrichiennes finirent par se replier, obligeant l’archiduc Charles à demander un armistice que Napoléon accepta et sans obtenir un avantage politique vraiment décisif au regard de la difficulté à l’emporter sur le champ de bataille.

 

Pour en savoir plus :
Discours de Guerre, Napoléon, Éditions Pierre de Taillac, 2021
Ortholan Henri : L’Armée du Second Empire, Soteca, 2010

Semaine 26/2021 : Début de la Conférence de Bretton Woods, le 1er juillet 1944

Si le Franc germinal fut stable pendant plus de 120 ans tout au long du XIXe siècle, l’après-Première Guerre mondiale fut marquée par une instabilité monétaire dramatique aboutissant à la grande dépression des années 1930. L’inflation galopante fut notamment une des causes de la montée du nazisme dans une Allemagne exsangue. En France, le Franc Poincaré introduit à partir de 1925 connut de nombreuses déflations. Cette dimension économique – perçue comme ayant contribué à la Seconde Guerre mondiale – fut prise en compte par les Alliés et permit la Conférence de Bretton Woods en juillet 1944. L’objectif était de mettre en place des outils monétaires internationaux censés éviter revivre la crise de 1929. La IVe République – malgré le Plan Marshall – ne parvint pas à stabiliser le franc et dut procéder à des déflations. De fait, le général de Gaulle revenu au pouvoir en 1958 confia à Antoine Pinay et Jacques Rueff une réforme monétaire qui aboutit à la création d’un nouveau franc, introduit le 1er janvier 1960 et qui fut utilisé jusqu’en 2002, avant d’être remplacé par la monnaie unique, l’euro.

 

Pour en savoir plus :
Minc Alain : Une sorte de diable, les vies de John Keynes, Grasset, 2007, 360 pages

Semaine 25/2021 : Accord de cessez-le-feu entre l’UNITA et les troupes du gouvernement, le 22 juin 1989

En avril 1974, la Révolution des Œillets au Portugal se traduit par le retrait rapide de l’ancienne puissance coloniale de l’Angola. Le parti MPLA d’obédience marxiste prend alors le contrôle d’une grande partie du pays. Sur fond de rivalités ethniques, une opposition armée prend le maquis engageant une guerre civile où les deux Grands, États-Unis et URSS, agissent par des intermédiaires : Cuba pour Moscou et l’Afrique du Sud – encore sous régime d’Apartheid – pour la CIA. L’UNITA dirigée par Jonas Savimbi, est ainsi appuyée par des mercenaires venant d’Afrique du Sud. Après l’effondrement de l’URSS, le MPLA va perdre une grande partie de ses soutiens militaires et économiques obligeant à rentrer dans une phase de négociations avec l’UNITA. Le pétrole fournissant 70 % des recettes de l’État, cela a pu permettre un début de relative prospérité économique et le développement d’une bourgeoisie d’affaires bien implantée à Luanda, tandis que le président José Eduardo dos Santos est resté au pouvoir de 1979 à 2017, laissant notamment sa famille s’enrichir facilement. Depuis son retrait, son successeur bien qu’issu également du MPLA, s’efforce de limiter l’influence de la famille dos Santos.

 

Pour en savoir plus :
Futi Joao Maria : Essai de morphologie lexicale du Cisuundi du Cabinda (Angola) ; Éditions L’Harmattan, 2012, 138 pages.
Ribant David : L’Angola de A à Z ; Éditions L’Harmattan, 2019, 304 pages.

Semaine 24/2021 : Occupation par l’Union soviétique des trois États baltes, le 17 juin 1940

Le 17 juin 1940, l’URSS occupait les États baltes, profitant de la situation chaotique de l’Europe, alors que la France était sur le point de demander l’armistice. Les trois États baltes – Estonie, Lettonie et Lituanie – avaient obtenu leur souveraineté à l’issue de la Première Guerre mondiale et de l’effondrement de l’empire russe suite à la révolution bolchévique d’octobre 1917. Cette annexion par Staline ne fut jamais totalement entérinée mais il fallut attendre la fin de la guerre froide et le démantèlement de l’URSS pour qu’ils retrouvent leur pleine souveraineté au grand mécontentement de l’opinion publique russe, d’autant plus que des minorités russophones restent présentes dans ces pays. Ceux-ci ont très vite intégré à la fois l’Otan et l’Union européenne (UE) pour se préserver des agissements russes. Leur taille et leur poids démographiques en font des proies faciles au gré des humeurs de Moscou, d’où le besoin de protection par l’Otan et auquel la France participe militairement. Ainsi, dans le domaine terrestre, l’Armée de terre est engagée régulièrement depuis mars 2017 et projette actuellement un Sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) composé de 12 chars Leclerc et 8 Véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI) dans le cadre de l’opération Lynx 9 enhanced Forward Presence (eFP), aux côtés de nos partenaires britanniques.

 

Pour en savoir plus :
Mourin Maxime : « La situation des anciens États baltes », RDN n° 282, octobre 1969, p. 1635-1651.
Chabanier Jean : « La Baltique et les États riverains », RDN n° 137, juin 1956, p. 760-776.

Semaine 23/2021 : Premier V1 lancé, le 13 juin 1944

Les plages du débarquement à peine libérées sur les rivages normands et alors que la bataille de Normandie faisait rage, le IIIe Reich entamait une campagne de bombardement de l’Angleterre avec ses armes secrètes dont le V1 et la fusée V2. Cette dernière était censée faire basculer la situation au profit de Berlin. Jusqu’au 27 mars 1945, environ 4 800 V2 furent tirés mais sans obtenir le succès envisagé. Malgré les dégâts causés, les opinions publiques alliées ne cédèrent pas à la panique face à une arme réellement révolutionnaire. L’amiral Lemonnier, chef d’état-major de la Marine de 1943 à 1950 évoque ainsi dans cet article le développement d’armes nouvelles dans les deux camps, armes dont le développement fut entouré du plus grand secret comme le projet Manhattan ayant permis aux États-Unis de concevoir et produire l’arme atomique. Berlin ne fut pas capable d’aller loin dans cette voie à la suite de mauvais choix scientifiques et d’un manque de ressources dédiées. Paradoxalement, les scientifiques allemands furent après la capitulation enrôlés par les Alliés et l’URSS pour bénéficier de leurs savoir-faire. C’est ainsi que la France put se lancer dans de nouveaux programmes avec notamment l’installation de techniciens et savants allemands à Vernon dans ce qu’il allait devenir le LRBA où furent conçus les moteurs-fusées à ergols liquides.

 

Pour en savoir plus :
Wenkin Hugues : De la Terre à la Lune : la saga des armes secrètes d’Hitler, Éditions Pierre de Taillac, 2019, 240 pages
Arnaut Robert : La course à la bombe ; et si Hitler avait eu l’arme atomique, Éditions Nouveau-Monde-Chronos, 2019, 190 pages

Semaine 22/2021 : Premier référendum du Royaume-Uni sur son adhésion à la CEE, le 5 juin 1975

La question de la relation entre le Royaume-Uni et l’Europe est un vieux serpent de mer entamé en août 1961 avec une première demande d’adhésion à la Communauté économique européenne (CEE) regroupant alors les 6 pays signataires du Traité de Rome (1957). Le général de Gaulle s’y opposa jusqu’à son départ, considérant que Londres y voyait surtout un champ d’action d’inspiration libérale. Dès le départ du Général, les négociations d’adhésion démarrèrent à l’été 1970 pour aboutir à l’intégration du Royaume-Uni au 1er janvier 1973, sous la conduite du Premier ministre, Edward Heath, conservateur. Le paradoxe était que les Travaillistes étaient plutôt méfiants à l’égard de la construction européenne. En février 1974, ils remportent les élections sans pour autant obtenir une majorité de gouvernement. Un référendum est alors organisé le 5 juin 1975 sur le sujet épineux de l’adhésion. 67 % des votants sont en faveur du maintien, sans pour autant que celui-ci suscite un enthousiasme réel. Margaret Thatcher, Premier ministre de 1979 à 1990, va ainsi chercher d’une part à diminuer les contraintes inhérentes aux différents traités européens et d’autre part à étendre progressivement l’influence britannique sur les instances bruxelloises.

 

Pour en savoir plus :
Marx Roland : Histoire de la Grande-Bretagne, Tempus, 2004, 592 pages
Cottret Bernard : Histoire de l’Angleterre, Texto, 2019, 608 pages

Semaine 21/2021 : Conclusion de la convention portant création de l’Agence spatiale européenne (ESA) à Paris, le 30 mai 1973

Le 30 mai 1973, après les échecs de l’ELDO et de l’ESRO, l’Agence spatiale européenne (ESA) était créée avec plusieurs projets porteurs dont le programme L3S (Lanceur de 3e génération de substitution) qui allait devenir l’emblématique fusée Ariane. L’ESA, après presque 50 ans, a su relever de nombreux défis et s’imposer comme un acteur majeur du spatial à côté de la NASA ou de l’agence russe Roskosmos. Mais après les success stories d’Ariane 4 puis d’Ariane 5, l’ESA doit rebondir face au New Space incarné notamment par Elon Musk et Space X. Certes, Ariane 6 devrait faire son premier vol en 2022, mais l’ESA et Arianespace doivent se réinventer et proposer de nouveaux projets fédérateurs et entraînant l’adhésion de l’opinion publique européenne. À cet égard, la médiatisation du vol de Thomas Pesquet, spationaute de l’ESA, est un bon exemple.

 

Pour en savoir plus :
Huwart Olivier : Du V2 à Véronique : la naissance des fusées françaises, Marines éditions, Rennes, 2004, 189 pages.
Huon William : Ariane, une épopée européenne (2nde édition), Éditions ETAI, 2019, 256 pages.

Semaine 20/2021 : Unification du Yémen autour du président Ali Abdallah Saleh, le 22 mai 1990

Il y a 31 ans, le Yémen alors divisé en deux États, était réunifié, après avoir connu de nombreux affrontements aux origines complexes et prenant racine dans la structure tribale de cette partie de la péninsule Arabique et alimentés par tous les types de trafic possible dans cette région de passage entre le Levant et l’océan Indien. Aujourd’hui encore, malgré son unification, le Yémen est la proie d’un conflit interne sans issue visible à court terme où les voisins puissants comme l’Arabie saoudite ou l’Iran interfèrent avec les revendications locales, amenant un drame humain dans un pays aux ressources rares, malgré la présence d’hydrocarbures.

Pour en savoir plus :
Monfreid (de) Henri : Les secrets de la mer Rouge (1931)
Mermier Franck : Récits de villes : d’Aden à Beyrouth, Actes Sud, 2015

Semaine 19/2021 : Prorogation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le 11 mai 1995

Le 11 mai 1995, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) signé en 1970 pour une durée de 25 ans prenait un caractère permanent valable encore de nos jours. À cette époque, la fin de l’URSS avait été perçue comme permettant une réduction sensible des arsenaux nucléaires, ce qui a été une réalité avec la mise au rebut d’armes obsolètes. Par ailleurs, le risque de prolifération durant la décennie avait motivé la signature du TNP, certains experts prévoyant qu’une trentaine de pays seraient dotés d’armes nucléaires. Depuis, seuls l’Inde, le Pakistan puis la Corée du Nord ont rejoint le club très fermé des États disposant de la Bombe. Toutefois, d’autres États s’efforcent d’accéder à ce statut, en particulier l’Iran, dont les efforts sont une réalité malgré l’accord JCPOA de 2015. De la capacité à résoudre la question du nucléaire iranien dépendra les évolutions futures liées au TNP.

 

Pour en savoir plus :
Vandier Pierre : La dissuasion au troisième âge nucléaire, Éditions du Rocher, 2018, 108 pages.
Wodka-Gallien Philippe : Dictionnaire de la dissuasion, Marines Éditions, 2011, 377 pages

Semaine 18/2021 : Début des évènements de « Mai 68 », le 2 mai 1968

Mai 68 reste une période riche de symboles et de discussions encore aujourd’hui. À peine six ans après la fin de la guerre d’Algérie, la France connaît une période de profonds changements économiques et sociétaux sur fond de croissance. Ce sont les Trente Glorieuses. L’un des éléments de cette transformation de la société française fut l’accroissement du nombre d’étudiants avec le développement de nouvelles universités dont Nanterre dans la banlieue encore ouvrière de Paris. Mais assortie à cette augmentation importante, la contestation étudiante alimentée par certains activistes venant de l’extrême gauche aboutit aux violences du mois de mai, assorties de l’occupation de la Sorbonne, du théâtre de l’Odéon puis des grèves massives aboutissant aux accords de Grenelle. Toutefois, l’une des questions a été et est restée longtemps autour du projet universitaire et de sa place dans l’éducation. Démocratisation et accès au plus grand nombre à l’enseignement supérieur, ouverture de nouveaux campus, création de syndicats étudiants… autant de transformations et de chantiers encore d’actualité des décennies après.

 

Pour en savoir plus :
Grimaud Maurice : Je ne suis pas né en mai 68, souvenirs et carnets (1934-1992), Tallandier, 2007. Le préfet Grimaud était Préfet de Paris et a su gérer très habilement les manifestations étudiantes sans qu’il n’y ait de victimes.
Fouchet Christian : Au service du Général de Gaulle, Plon, 1971. Christian Fouchet, gaulliste historique, fut ministre de l’enseignement et ministre de l’intérieur durant cette période.

Semaine 17/2021 : Bombardement de Guernica pendant la guerre d’Espagne, le 26 avril 1937

Le bombardement, le 26 avril 1937, de la petite ville basque de Guernica par les bombardiers allemands de la Légion Condor envoyée par Hitler pour aider les troupes rebelles nationalistes, donna à la guerre civile espagnole une dimension dramatique et mondiale où le mal et le bien s’affrontaient. Le général Franco prit la tête du pronunciamiento suite aux décès accidentels de ses chefs, généraux plus anciens et qui avaient décidé de ce mouvement insurrectionnel. Trois décennies plus tard, la RDN regardait vers l’Espagne franquiste et s’interrogeait à la fois sur la nature du régime – national-catholique – et sur les changements inéluctables qui interviendraient suite au décès du Caudillo. Cette Espagne n’avait plus rien à voir avec celle de 1939, à la fin de la Guerre civile, avec aussi bien un réel essor économique, qu’une urbanisation croissante et un changement des mentalités. Toutefois, la question de la succession restait pendante même si le Général Franco avait signifié que le prince Juan Carlos, fils de Don Juan, héritier de la Couronne, serait appelé à régner. En 1969, l’incertitude demeurait d’autant plus que la position de Juan Carlos paraissait bien aléatoire et que sa personnalité semblait très effacée, selon les propres volontés de Juan Carlos pour préparer l’avenir.

 

Pour en savoir plus :

Benoît Pellistrandi, Histoire de l’Espagne, des guerres napoléoniennes à nos jours, Perrin, 2013.
Bartolome Benassar, La Guerre d’Espagne et ses lendemains, Tempus, 2006.

Semaine 16/2021 : Lancement de la première station spatiale, Saliout 1, le 19 avril 1971

L’URSS bien qu’ayant gagné la course à l’Espace en avril 1961 avec Youri Gagarine, avait échoué face aux États-Unis quant à la conquête de la Lune et le programme Apollo ayant permis à Neil Amstrong d’être le premier homme à marcher sur la Lune le 21 juillet 1971. Par contre, l’URSS entama alors un programme de stations spatiales en orbite basse autour de la Terre avec la série des Saliout et qui finit avec la réussite de Mir. Le savoir-faire soviétique a alors été impressionnant, les Américains ayant misé sur le développement des Shuttles (navette) dont le premier vol eut lieu en avril 1981. Du côté français, le développement des programmes nationaux fut conduit par le Centre national d'études spatiales (Cnes) crée en 1961 par le général de Gaulle avec une vocation exclusivement civile, les missiles de la dissuasion n’étant pas du ressort du Cnes mais de la DGA. L’utilisation dans le cadre de la Défense fut cependant vite appréhendée au fur et à mesure que les satellites donnaient accès de nouvelles fonctionnalités comme les télécommunications ou la météo. Le premier programme militaire fut dédié aux transmissions avec Syracuse I dont le premier satellite Telecom I fut mis en orbite par une fusée Ariane 1 en 1984.

 

Pour en savoir plus :
Lardier Christian : L’astronautique soviétique, Armand Colin, 1992
Huon William : Ariane une épopée européenne, éditions ETAI, 2019

Semaine 15/2021 : Début de la guerre du Liban, le 13 avril 1975

Le 13 avril 1975, le Liban plongeait dans la guerre civile avec une violence intercommunautaire sans précédent. En 1978, Israël intervenait au Liban Sud contre les camps palestiniens. L’ONU mit alors en place la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) chargée, à défaut de rétablir la situation initiale, de limiter les débordements. Le conflit israélo-palestinien était alors la cause principale de l’antagonisme entre Israël et ses voisins arabes. La Finul, dont la France est un contributeur important, est toujours présente dans la région, avec le fait que le Liban a profondément changé depuis 1975, sans pour autant parvenir à surmonter ses clivages. La domination du Hezbollah pro-iranien et la guerre civile en Syrie avec ses flots de réfugiés ont continué à déstabiliser le pays du Cèdre. L’explosion dans le port de Beyrouth le 4 août 2020 et l’actuelle crise politique démontrent la faillite politique de l’État libanais, sans qu’une solution n’apparaisse clairement tant les rivalités politiques sont fortes sur fond de clientélisme.

 

Pour en savoir plus : 
Baron Xavier : Histoire du Liban, des origines à nos jours, Texto, 2021.

Semaine 14/2021 : Mort de François Rabelais, le 9 avril 1553

Rabelais, au-delà de l’aspect littéraire de son œuvre, fut aussi un témoin actif de son temps. À sa mort en 1553, l’Europe sort du Moyen-Âge et voit la fonction étatique se consolider comme en France autour du Roi mais le système militaire reste encore empreint des pratiques féodales avec un recours accru au mercenariat et à la levée de troupes temporaires. François Ier (1494-1547), roi mécène, est aussi un roi chevalier notamment lors des guerres d’Italie où son armée va connaître un désastre cuisant à Pavie. Rabelais évoque donc dans ses écrits ces transformations de l’art militaire en particulier dans le récit des guerres picrocholines. C’est aussi l’époque où l’architecture militaire évolue sous l’influence des ingénieurs italiens qui commencent à prendre en compte le développement de l’artillerie. À l’inverse, la cavalerie s’alourdit de plus en plus avec des cuirasses épaisses, privant de fait les unités à cheval de la mobilité spécifique de l’animal.

 

Pour en savoir plus :
Jacquart Jean : François Ier, Fayard, 1994
Heers Jacques : L’histoire oubliée des guerres d’Italie, Via Romana, 2009

Semaine 13/2021 : Fermeture du QG militaire de l’Otan en France, le 30 mars 1967

En 1966, la décision du général de Gaulle de quitter la structure militaire de l’Alliance atlantique fut très mal reçue et perçue par les Alliés de l’Otan, ne comprenant pas les objectifs politiques recherchés par le président de la République française. Il ne s’agissait pas d’être « contre » mais d’être « avec » en proposant de nouvelles perspectives en Europe face au bloc soviétique. Le choix politique du Général se traduisit alors par le démantèlement des installations de l’Otan sur le territoire national avec des fermetures de bases comme le QG installé à Rocquencourt, près de Versailles, des transferts vers les armées françaises récupérant ainsi des pistes d’aviation comme à Châteauroux, ou le déplacement vers Rome du NATO Defence College jusqu’alors implanté dans l’enceinte de l’École militaire. Les fermetures furent mal vécues par les populations locales, voyant partir clients américains et canadiens mais aussi beaucoup d’emplois de service. Toutefois, l’expansion économique des Trente Glorieuses permit de faire « avaler la pilule » aux territoires concernés. Par ailleurs, même si la France demeurait membre de l’Alliance, sa politique étrangère s’est alors efforcée de desserrer le carcan imposé par la guerre froide.

 

Pour en savoir plus :
Raflik Jenny : Lorsque l’Otan s’est installée en France, Ifri/Relations internationales, 2007.
Oury Gérard : Le cerveau (1968), film avec Jean-Paul Belmondo, Bourvil et David Niven [Un hold-up lors du transfert du SHAPE de Paris vers la Belgique].

Semaine 12/2021 : Signature du Traité de Rome instituant la Communauté économique européenne, le 25 mars 1957

Après trois conflits issus de la rivalité franco-allemande (1870-1871, 1914-1918 puis 1939-1945) ayant vu le naufrage de l’Europe et dans un contexte marqué par la division de l’Europe en deux blocs antagonistes, la volonté des dirigeants de l’Ouest était de trouver des moyens permettant d’éviter un nouvel affrontement en passant par le biais de la mise en commun de biens économiques. Ce fut la création de la Communauté économique du charbon et de l’acier (CECA) dont le succès fut très vite une réalité visible. Certes, l’échec de la Communauté européenne de défense (CED) dû en grande partie à la France empêtrée dans les conflits de décolonisation fut mal vécue au mitan de la décennie 1950. Mais très vite la montée en puissance de l’Otan permit d’oublier cet épisode. En 1957, les dirigeants des six pays de l’Europe de l’Ouest surent passer à une étape décisive avec le Traité de Rome, créant le Marché commun, espace unique dans le monde, où les échanges économiques devaient sceller le rapprochement entre d’anciens adversaires. Cette approche exclusivement économique et limitée à l’Europe des « Six » a été essentielle et a permis par la suite de construire une Europe plus forte avec dans un premier temps l’entrée du Royaume-Uni en 1971 puis la consolidation progressive des nouvelles démocraties comme la Grèce en 1974, l’Espagne et le Portugal dont les candidatures furent déposées en 1978 et l’admission une réalité en 1986. Toutefois, comme le soulignait l’auteur, la dimension économique serait-elle suffisante pour déboucher sur une approche politique commune ? Le débat reste entier encore aujourd’hui.

 

Pour en savoir plus : 
Lowe Keith : L’Europe barbare, Tempus, 2015. Pour comprendre la période 1945-1950 et la genèse de la CECA puis de la CEE.
Quatremer Jean : Les salauds de l’Europe, guide à l’usage des eurosceptiques, Calmann-Lévy, 2019. Comment la construction communautaire a apporté la sécurité et la prospérité, malgré ce que disent les critiques.

Semaine 11/2021 : Débarquement des premiers éléments du « réseau Johnny », le 18 mars 1941

En mars 1941, une équipe d’agents de renseignements travaillant pour les Britanniques et le général de Gaulle débarque clandestinement dans les environs de Brest, accueillie par le Docteur Antoine Vourc’h (1885-1964). Le but est de collecter un maximum de renseignements sur la base navale de Brest occupée par les Allemands et de suivre les mouvements de bâtiments de combat pour les transmettre à Londres. Au printemps 1941, rares sont ceux qui croient à la victoire du Royaume-Uni mais l’esprit de la Résistance les anime dans un contexte particulièrement dangereux où les Nazis traquent les combattants de l’ombre. Le témoignage du Dr Vourc’h est d’autant plus précieux qu’il fut un des premiers Résistants bretons tout d’abord en se démettant de ses fonctions municipales par opposition au régime de Vichy et en montant notamment le réseau Johnny. 

 

Pour en savoir plus : 
Kervella André : Le réseau Jade, l’Intelligence Service britannique au cœur de la Résistance française, Éditions du Nouveau Monde, 2020
Albertelli Sébastien : Les services secrets du général de Gaulle : le BCRA 1940-1944, Perrin, 2020

Semaine 10/2021 : Faycal devient roi de la « Grande Syrie » avant d'être chassé par les Français le 11 mars 1920

En 1951, la question du Moyen-Orient semblait en passe de se résoudre, à peine une trentaine d’années après l’éclatement de l’Empire ottoman suite aux accords Seyes-Picot signés secrètement en 1916 et qui prévoyait le partage de la région entre zones d’influences britannique et française. Mais l’affaiblissement définitif de ces puissances tutélaires après la Seconde Guerre mondiale et la montée des nationalismes arabes allaient remettre en question les certitudes de l’après-guerre. À cela se rajoutait la création récente de l’État d’Israël et le besoin accru de l’Occident en pétrole, affirmé par le Pacte du Quincy entre les États-Unis et le Royaume d’Arabie. La dynastie hachémite en sortait fragilisée, tandis que les autres monarchies, incapables de répondre aux aspirations de leur peuple, commençaient à être renversées par des coups d’État militaire et l’arrivée de nouveaux dirigeants comme Nasser en Égypte. De ce fait, les équilibres fragiles étaient remis en cause et la cause palestinienne allait servir peu à peu de fédérateur entre des États qui ne formaient pas Nations.

 

Pour en savoir plus :
Jacques Benoist-Méchin : Ibn Séoud, la naissance d’un mythe (1955) et Lawrence d’Arabie (1961).
Dazi-Héni Fatiha : L’Arabie en 100 questions, Texto, 2020.

Semaine 9/2021 : Indépendance du Maroc, le 2 mars 1956

Les Traités de 1912 avaient institué le protectorat français sur le Maroc tout en permettant à l’Espagne d’y maintenir sa présence au nord et au sud du Royaume. En 1956, l’indépendance a donné à Mohammed V une marge de manœuvre plus importante notamment pour renforcer la souveraineté du pays sur des zones contestées. Toutefois, le contexte de l’époque était particulièrement tendu en raison d’une part, des combats en Algérie entre l’armée française et le FLN – celui-ci cherchant des zones de refuge à l’ouest – et d’autre part, le cadre général de la guerre froide incitant des mouvements rebelles à déstabiliser les États y compris en Afrique. Rabat dut à la fois réprimer des infiltrations notamment dans le Rif et, en même temps, maintenir des « ponts » avec l’Espagne, malgré les incidents autour d’Ifni et des présides.

 

Pour en savoir plus :
Wharton Edith : In Morocco, 1920, traduction : Voyage au Maroc, Éditions du Rocher, 1996.
Le Révérend André : Lyautey, Fayard, 1990.
Vermeren Pierre : Le Maroc en 100 questions, Tallandier, 2020.

Semaine 8/2021 : Au Canada, vol expérimental du Silver Dart par l’ingénieur John McCurdy, le 23 février 1909

Dès 1909, le Canada participe à la conquête de l’air avec d’une part, des premiers vols sur un immense territoire et d’autre part, le développement d’une industrie aéronautique très liée avec la Grande-Bretagne, alors puissance tutélaire et les États-Unis. Les deux guerres mondiales vont accélérer l’essor de l’aéronautique canadienne tant pour les besoins civils que militaires avec un basculement définitif vers le grand voisin du Sud. Les élongations géographiques du pays ont également renforcé le recours au transport aérien de masse, seul capable de réduire les délais de voyage. L’industrie aéronautique canadienne s’est peu à peu reconvertie vers une production exclusivement civile avec des marques emblématiques comme Canadair fondée dans les années 1920 ou encore Bombardier qui, avant-guerre produisait des véhicules à chenille pour affronter la neige. Bombardier a racheté Canadair en 1986 et peu à peu s’est concentré exclusivement sur l’aviation d’affaires, tandis que nombre de PME du pays sont des sous-traitants de l’industrie américaine.

Semaine 7/2021 : Début du premier sommet de la Francophonie à Versailles, le 17 février 1986

Le français serait la cinquième langue la plus parlée au monde et, de ce fait, contribue à une communauté très informelle autour de la francophonie. Il fallut attendre 1986 pour un premier sommet autour de ce concept, rassemblant des États qui, certes, partagent une même référence linguistique mais qui peuvent être aussi antagonistes et souvent récusant une forme de tutelle culturelle venant de la France. Aujourd’hui, la francophonie est à la fois un atout souvent revendiqué contre l’hégémonie dévorante du Globbish mais aussi un ensemble perdant une part de son influence sur la scène mondiale. La Francophonie n’est pas uniquement la pratique d’une langue, mais aussi un espace intellectuel, littéraire, politique et culturel qui doit combiner des sensibilités très diverses mais aussi poursuivre sa route sans dépendre une forme d’hégémonie française souvent trop « germanopratine ».

 

Pour en savoir plus :
www.francophonie.org
www.académie-française.fr
Le Bris Michel et Rouaud Jean : Pour une littérature-monde, Gallimard, 2007.

Semaine 6/2021 : Signature du traité de Paris concernant les conditions de paix de l’Italie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Finlande, le 10 février 1947

Le 10 février 1947, le Traité de Paris était signé entre les puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale et certains pays européens considérés comme dans le camp des perdants : l’Italie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Finlande. Ce texte impliquait notamment des rectifications de frontières, dont celle entre la France et l’Italie. Le traité de Turin de 1860 avait délimité l’essentiel dont le rattachement de la Savoie et du Comté de Nice à l’Empire de Napoléon III. En 1947, l’objectif fut plus modeste avec l’annexion de Tende et de La Brigue, résultant des suites de la guerre des Alpes de 1940 où les troupes italiennes avaient été battues et des exactions de celles-ci jusqu’en 1944. Cette modification de frontière fut alors considérée comme la dernière d’importance suite aux guerres. La France et l’Italie partagent depuis une frontière longue de 515 km essentiellement montagneuse. Toutefois, et malgré Schengen, les frontières peuvent faire encore l’objet d’ajustements très ponctuels comme entre la France et Andorre en septembre 2015.

 

Pour en savoir plus :
Brice Catherine : Histoire de l’Italie, Tempus, 2019.
Heyries Hubert : Histoire de l’armée italienne, Perrin, 2021.

Semaine 5/2021 : Indépendance de Ceylan, le 4 février 1948

Le 4 février 1948, l’île de Ceylan obtenait son indépendance dans le cadre de la fin de l’Empire britannique des Indes. Les tensions ethniques sur l’île ont atteint un tel degré qu’une longue guerre civile a opposé les Tamouls, minoritaires et musulmans aux Singhalais bouddhistes avec des violences importantes et une répression sans merci de la part des autorités et des Indiens. Même si la paix a été rétablie avec une forte aide de la communauté internationale, des soubresauts sanglants demeurent avec une montée de l’islamisme radical chez certains Tamouls.

 

Pour en savoir plus :
Guide du routard : Sri Lanka
Goreau Ponceaud Anthony et Madavan Delon : Dictionnaire insolite de Sri Lanka, Éditions Cosmopole, 2016, 160 pages

Semaine 4/2021 : La République démocratique allemande (RDA) admise au sein du Pacte de Varsovie, le 29 janvier 1956

La République démocratique allemande (RDA) a eu une politique de défense très ambivalente dès sa création avec une militarisation progressive de sa police sous le contrôle étroit des Soviétiques et du SED, le parti dominant. Berlin Est a su habilement faire la synthèse entre la tradition militaire prussienne – y compris dans l’uniforme de la Nationale Volksarmee (NVA) - et le socialisme ouvrier marxiste, en prenant une place de premier rang dans le dispositif militaire du Pacte de Varsovie, sous la férule de Moscou. De fait, la NVA a été l’une des armées de l’Est les plus performantes d’autant plus qu’elle était de facto sur la ligne de front face à l’Otan. Le paradoxe est que la NVA est restée très cohérente dans un pays où l’esprit prussien a toujours fonctionné. Lors de la chute du Mur puis avec le processus de l’unité allemande, la NVA a été littéralement absorbée par la Bundeswehr, sans laisser de véritables traces autres que dans la mémoire collective.

 

Pour en savoir plus :
Grosser Alfred : La démocratie de Bonn, 1949-1957, Armand Colin, 1958.
Soutou Georges-Henri : La guerre de 50 ans, Fayard, 2001.

Semaine 3/2021 : Choix du Tunnel sous la Manche par Margaret Thatcher et François Mitterrand, le 20 janvier 1986

En 1957, le Royaume-Uni et la France lancent un groupe de travail pour construire un lien fixe entre le continent et l’île britannique. Ces études aboutirent à un projet de tunnel dont les travaux débutèrent en 1973 mais furent arrêtés en 1975, à la suite de la crise du pétrole. François Mitterrand relança l’idée et le tunnel fut inauguré en mai 1994 en présence de la Reine Elizabeth II. Dans cet article de 1962, les auteurs dont Louis Armand (1905-1971), Compagnon de la Libération, PDG emblématique de la SNCF, exposent les idées qui prévalaient au début des années 1960 et qui, malgré les échecs des précédentes tentatives, ont abouti au complexe ferroviaire actuel. Si en 1962, ce chantier pouvait apparaître pharaonique, aujourd’hui, de telles constructions sont devenues habituelles, le grand projet du même genre étant le tunnel Lyon-Turin dont les travaux sont en cours.

 

Pour en savoir plus :
Lemoine Bertrand : Sous la Manche, le tunnel, Gallimard, 1994, 128 pages
Armand Louis : Propos ferroviaires (1970)