L'actualité économique - La zone de libre échange
La conférence qui s’est tenue à Paris du 23 au 30 octobre 1958 entre les dix-sept pays membres de l’Organisation Européenne de Coopération Économique (O.E.C.E.) sur le problème de la création d’une zone de libre-échange en Europe a été fort décevante pour les promoteurs de cette nouvelle institution. Le principal d’entre eux — M. Maudling, représentant de la Grande-Bretagne — a déclaré à la presse qu’il souhaitait que l’on parvînt, avant le 1er janvier 1959, à « un accord de principe sur le principe ».
Cette remarque d’un optimisme quelque peu désabusé prend toute sa portée du fait qu’elle intervient après plus de deux ans de négociations. L’idée d’une zone de libre-échange à l’échelle de l’O.E.C.E. a été en effet lancée pour la première fois au début de 1956 et c’est le 17 juillet de la même année que le Conseil des ministres de l’O.E.C.E. s’en est saisi. Depuis cette date, d’innombrables conférences, réunions d’experts et entretiens d’hommes politiques ont eu lieu. Il est significatif qu’après un si long délai si bien rempli on en soit encore à discuter du principe même de la création de l’Association Économique Européenne, nom officiel de la zone — du moins le semble-t-il — depuis la conférence de Venise de septembre 1958.
Le projet d’une zone de libre-échange est, sans le moindre doute, une parade contre les conséquences du marché commun, mise au point par les onze États de l’O.E.C.E. qui ont refusé de participer à celui-ci. Dès que les négociations sur le marché commun — qui devaient, comme l’on sait, aboutir au traité de Rome du 25 mars 1957 — apparurent assez avancées pour qu’un échec devînt improbable, les partenaires des Six au sein de l’O.E.C.E. prirent conscience du danger d’une attitude purement passive : leurs exportations vers la Communauté étaient en effet menacées par la préférence tarifaire inhérente à celle-ci et ils pouvaient craindre de voir se former en Europe occidentale, après dix ans de coopération, deux blocs antagonistes.
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