La paix révolutionnaire, riposte à la subversion
« Paix révolutionnaire » deviendra-t-elle une expression aussi courante que « guerre révolutionnaire » ? Pour l’instant, ces deux mots à côté l’un de l’autre ont une apparence insolite et nécessitent une explication. C’est celle que Charles Montirian donne dans son ouvrage, en suivant un raisonnement par lequel il expose ce que devrait et pourrait être une coexistence pacifique et dynamique entre les nations actuellement séparées.
Si la paix n’est pas « révolutionnaire », c’est-à-dire si elle ne s’établit pas sur cette donnée fondamentale que le monde évolue et qu’aucune solution statique ne saurait être durable, parce qu’elle ne correspondrait pas à cette évolution, elle ne sera pas.
Son caractère révolutionnaire se manifestera par la suppression des contradictions qui existent aussi bien dans le monde occidental que dans le monde communiste et par la suppression de toutes les formes de tyrannies. Elle exigera de ceux qui la feront un esprit résolument hostile à toutes les formes de guerre, résolument opposé à toutes les formes d’abandon, et résolument décidé à prendre l’initiative psychologique, c’est-à-dire à convaincre les opinions.
La révolution provient de circonstances créées à un moment donné par des forces historiques en mouvement. Ces circonstances sont exploitées par les révolutionnaires, dans le sens qu’ils désirent ou dans celui qu’ils pensent être préalablement déterminé. Cet ainsi que de nos jours, on peut distinguer trois circonstances capitales : l’effondrement du monde « intermédiaire » entre les deux grandes puissances mondiales, la guerre révolutionnaire menée par les communistes sous une forme offensive contre laquelle les pays non-communistes ne trouvent pas d’autre riposte que la défensive, l’isolement dans lequel se trouvent pratiquement rejetés les États-Unis, malgré leur puissance indéniable et leur visible extension dans le monde non-communiste. C’est en prenant conscience de ces trois données essentielles qu’il devient possible de déterminer les méthodes suivant lesquelles la paix révolutionnaire doit être recherchée, instaurée et maintenue.
Ces méthodes, dont l’ensemble forme la stratégie de la paix révolutionnaire, découlent de cinq principes. Il faut d’abord « riposter à l’agression », sans que cela implique obligatoirement l’emploi des armes, car la meilleure riposte est faite d’une constante attitude offensive psychologique et diplomatique. Il faut « organiser l’espace », de façon à permettre une évolution sans heurts graves, c’est-à-dire qu’il faut regrouper les états séparés, faire l’Europe occidentale, reconnaître le droit à l’indépendance, mais aussi à la fédération, des peuples d’outre-mer. Il faut établir un système économique qui soit le meilleur, non par des rivalités stériles qui risqueraient d’engendrer la guerre, mais par une « compétition » franche en vue d’assurer le progrès. Il faut également avoir une position de force sur le plan psychologique, moins en tentant de réduire l’adversaire qu’en procédant à une réforme interne qui rende le monde libre plus cohérent et plus sûr de sa cause. Enfin, cinquième principe, il faut avoir « de l’audace » en politique, seul moyen de découvrir des solutions nouvelles et constructives aux nombreux problèmes que posent les rapports entre peuples.
Ce résumé ne peut pas rendre compte des développements que l’auteur consacre à l’analyse de la situation présente, non plus que des arguments qu’il apporte à l’appui de sa thèse. Le livre est riche de réflexions sur le monde d’aujourd’hui et sur son évolution. Il l’est plus encore de cette foi qui anime l’auteur et le conduit à croire à la réalité de cette paix révolutionnaire, capable de satisfaire les hommes de bonne volonté des deux blocs actuellement hostiles. ♦