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Burundi : rébellion, répression… génocides
La presse internationale consacrait récemment plusieurs colonnes de ses journaux à la situation au Burundi. Des informations en provenance d’Afrique faisaient état d’une rébellion aggravée d’affrontements raciaux et matée par le gouvernement de Bujumbura à l’issue d’une campagne de répression impitoyable. Enfin divers témoignages, mettant l’accent sur les antagonismes tribaux, laissaient craindre que les massacres de l’ethnie révoltée ne dégénèrent en génocide. Le pape Paul VI et M. Kurt Waldheim, Secrétaire général de l’ONU, ont exprimé leur inquiétude devant la dégradation de la situation. Mais l’opinion publique accaparée par des événements autrement sensationnels, notamment la guerre au Vietnam et la rencontre de Moscou, n’a guère accordé d’attention à ce drame qui semblait se dérouler dans un autre monde. Car ce pays, dont on dit qu’il est à feu et à sang, est en vérité fort mal connu.
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Minuscule territoire d’une superficie de 27 834 km2, coincé au cœur de l’Afrique entre la Tanzanie, le Zaïre et le Ruanda [Rwanda], baignant ses rives dans le lac Tanganyika, le Burundi est formé d’une série de plateaux s’élevant d’Est en Ouest jusqu’à la crête, avoisinant 3 000 m et constituant la ligne de partage des eaux du bassin du Congo et du Nil ; celui-ci, du reste, prend modestement sa source dans le Bururi, sous le nom de Luvironza qu’il changera successivement pour ceux, tout aussi inconnus, de Ruvuvu et de Kagéra avant de se laisser engloutir, en Tanzanie, par le lac Victoria.
Les outrances du climat équatorial sont heureusement corrigées par l’influence modératrice de l’altitude : tropical dans la dépression du lac Tanganyika qui s’étale à 1 000 m d’altitude, tempéré sur les plateaux du Centre et les pentes orientales, ce climat devient froid et rigoureux lorsqu’on dépasse 2 500 m. Les précipitations les plus importantes ont lieu pendant la grande saison des pluies de mars à mai puis durant la « petite saison » d’octobre à décembre. La végétation partout florissante va de la forêt à la savane et aux pâturages de montagne favorables à l’élevage. Ainsi rassemblées les conditions d’une vie relativement facile et agréable, il n’est pas étonnant que ce pays, où la subsistance de l’homme était assurée à peu de frais, ait été parcouru dès les premiers âges et soit encore peuplé par plus de 3 500 000 habitants ; on enregistre des concentrations rurales d’une densité atteignant 250 habitants au kilomètre carré, l’une des plus fortes d’Afrique.
L’économie fondée sur la vente du café est celle d’un pays sous-développé et le secteur industriel est encore à créer. Pour l’heure les cultures vivrières suffisent à nourrir la population mais le revenu annuel par habitant, qui ne dépasse pas 50 dollars US, est un des plus bas du monde. Cependant, des ressources potentielles existent : les mines offrent de bonnes possibilités mais, mal gérées, ne sont pas rentables ; l’exploitation de l’or, de l’oxyde d’étain naturel ou cassitérite, de la bastnaésite (minerai rare contenant de l’europium utilisé dans l’industrie de l’électronique et de la télévision en couleur) demeure d’un rendement déficient faute d’être modernisée : la pêche dans le lac Tanganyika et le tourisme sur ses rivages sont également des sources de richesses qui nécessitent une planification. Toutefois dans un avenir immédiat on ne peut compter que sur le développement de la seule agriculture qui demeure le secteur de base de l’économie. Les cultures maraîchères pratiquées de manière intensive devraient permettre non seulement de mieux nourrir la population locale et d’élever son niveau de vie mais aussi, grâce à l’exportation des produits récoltés, d’augmenter sensiblement le revenu national. Le Burundi, obtenant dans d’excellentes conditions, et tout à la fois, fruits et légumes européens et tropicaux, peut devenir un jour le « Jardin des Hespérides » de l’Afrique.
S’il veut atteindre à cet avenir doré, il importe que le gouvernement de Bujumbura forge d’abord une cohésion nationale et restaure la paix intérieure en mettant fin aux haines raciales ancestrales.
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Habité à l’origine par les Batwa, chasseurs apparentés aux Pygmées du bassin congolais, le Burundi fut ensuite entièrement peuplé par des cultivateurs Bahutu de la famille Bantou ; ceux-ci durent céder une partie de leur territoire aux Batutsi, pasteurs conquérants nilo-éthiopiens, qui, peu à peu, les soumirent entièrement à un régime féodal. Ainsi l’ethnie Hutu, bien que majoritaire, fut maintenue en sujétion pendant quatre siècles par l’ethnie Tutsi dont la monarchie se perpétua jusqu’à nos jours avec des fortunes diverses et connut son apogée sous le règne du « Mwami » Ntare IV au cours duquel, pendant la première moitié du XIXe siècle, le pays s’étendit jusqu’à ses frontières actuelles.
L’éphémère colonisation allemande dura tout juste de la fin du siècle dernier à la Grande Guerre et prolongea habilement l’action des missionnaires installés depuis 1879 dans la région interlacustre. À partir de 1916, les Allemands reculèrent devant les soldats belges qui conquirent et occupèrent l’ensemble Ruanda-Urundi. Les Alliés en 1919, puis la Société des Nations (SDN) en 1923, placèrent le Burundi sous mandat belge et le pays, rattaché administrativement au Congo de Léopoldville, devint en quelque sorte la septième province de cette colonie.
Après la Seconde Guerre mondiale l’Organisation des Nations unies fit passer le pays sous le régime de tutelle. Alors le Burundi s’engagea dans le processus de décolonisation.
En 1958, le propre fils aîné du roi, le prince Rwagasore, fondait le Parti de l’unité et du progrès national – UPRONA – et le 18 septembre 1961 les élections générales consacraient la victoire des progressistes. Mais à peine nommé Premier ministre, Rwagasore était assassiné.
La levée de la tutelle belge le 1er juillet 1962, coïncidant avec la proclamation de l’indépendance, ouvrait le cours à une triste période pendant laquelle les rivalités politiques entre progressistes et royalistes et les antagonismes tribaux entre Tutsi et Hutu, allaient multiplier les intrigues, les crises, les coups d’État et les assassinats.
En juillet 1966, Charles Ndizeye, jeune et ambitieux prince tutsi, déposait son père Mwambutsa IV qui régnait depuis cinquante ans, s’emparait du pouvoir avec l’aide de l’armée et se faisait introniser « Mwami » sous le nom de N’Tare V. Mais au Burundi il semble que les princes félons ne bénéficient plus de la providence divine ! Le règne de N’Tare V en tout cas ne devait avoir qu’une existence passagère puisque le 28 novembre, le capitaine Micombero, Premier ministre et Tutsi lui-même, destituait le Mwami, proclamait la république et mettait sur pied un gouvernement composé uniquement de militaires issus d’un Conseil national de la révolution.
Bien que nommé colonel par ses pairs, le président Micombero n’avait pas la tâche facile pour gouverner ; louvoyant à raison de deux remaniements ministériels par an il s’efforçait de se dégager de l’emprise du groupe progressiste des Tutsi du Sud sans y parvenir complètement ; l’illustration frappante de sa faiblesse relative était fournie par le « complot » du 5 juillet 1971, monté de toutes pièces par les progressistes dans le but évident d’éliminer les Tutsi Nordistes modérés de la scène politique burundaise.
Certes, le colonel Micombero s’était interposé et avait gracié les condamnés à mort, quitte à se justifier devant le Conseil suprême de la République, organisme créé par ses rivaux pour donner un avis sur toutes questions d’ordre national ; il n’en demeurait pas moins vrai qu’en l’occurrence il avait perçu la précarité de sa position et compris que, pour se sortir de ce mauvais pas, il lui faudrait manœuvrer serré.
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Sans le vouloir, l’ex-roi N’Tare V allait servir de détonateur à cette crise latente et en devenir la victime expiatoire.
En mars 1972, l’ancien « Mwami », après cinq ans d’exil passés en Allemagne fédérale (RFA), se rendait en Ouganda d’où il demandait par le truchement des dirigeants de Kampala à rentrer dans son pays. Les tractations concernant ce retour étaient menées à Kampala par N’Tare V lui-même, le général Amin [Dada], chef de l’État ougandais et M. Simbananyie, ministre des Affaires étrangères du Burundi.
Le 30 mars un hélicoptère de l’armée ougandaise transportait l’ancien monarque à Bujumbura ; mais de là il était emmené à Gitega où il était incarcéré dans l’ancien palais des rois. Selon une première interprétation des faits émanant des autorités burundaises, l’ex-souverain était accusé d’avoir préparé dans un pays voisin « une invasion du Burundi avec l’aide des mercenaires recrutés par l’impérialisme mondial » ; le gouvernement de ce « pays voisin » l’avait arrêté et livré à Bujumbura.
Le communiqué, à peine publié, était démenti par Kampala où l’on niait toute participation à une conspiration ourdie contre la sécurité par le souverain déchu. Le quotidien ougandais d’inspiration gouvernementale, The People, écrivait le 5 avril : « le gouvernement ougandais dément catégoriquement toutes les insinuations selon lesquelles il aurait délibérément participé à un complot ayant pour but de faire rapatrier l’ex-roi au Burundi, afin que celui-ci y réponde des accusations de crimes ou autres délits commis en association avec des mercenaires… » ; et le journal ajoutait : « l’intervention de l’Ouganda a été surtout inspirée par le désir de ce pays de promouvoir la réconciliation et la paix dans un État africain frère ».
Enfin, la publication des correspondances échangées entre les chefs d’État du Burundi et de l’Ouganda révélait qu’effectivement des assurances avaient été données par le colonel Micombero au général Amin quant au respect de « la vie et la sécurité de Charles Ndizeye ». Il y a donc tout lieu de croire que l’ancien roi est revenu dans son pays comme simple citoyen certes, mais se croyant amnistié.
Quelle qu’ait été la part prise par les principaux acteurs de ce drame et, sans que l’on puisse conclure que l’arrestation de l’ancien Mwami a été imposée par les progressistes, il est permis d’affirmer que l’affaire a mis en évidence la perte d’influence des « modérés » et incité le colonel Micombero, conscient du danger, à agir.
Tandis que le 26 avril, à l’instigation des progressistes, l’UPRONA réunissait à Gitega les principaux cadres du parti unique, le 29 avril, le chef de l’État relevait de leurs fonctions les membres du gouvernement et des cabinets ministériels ainsi que le secrétaire national du parti unique.
Mais déjà les événements se précipitaient et le Burundi allait devenir le théâtre d’une épouvantable et sanglante tragédie. Dans la nuit du même jour se déchaînaient à travers le pays des émeutes que la « voix de la révolution » interprétait officiellement comme des « actes criminels des bandes armées des agents de la monarchie et de l’impérialisme, qui tentaient de renverser le régime républicain » ; ce qui permettait au ministre de l’Intérieur, le commandant Shibura, un des leaders de la tendance « progressiste », de nommer des hommes à lui comme gouverneurs militaires des neuf provinces afin d’y organiser et d’y mener la répression. Selon la radio nationale « à Gitega, les militaires avaient dû faire face à des fusillades dirigées contre le camp des commandos… ainsi que contre les forces de sécurité qui gardaient l’ex-roi N’Tare V. Un combat acharné avait fait rage en vue de délivrer Ndizeye. De part et d’autre il y avait eu des victimes, parmi lesquelles N’Tare le dernier… »
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Si, tout au début de l’insurrection, on avait pu croire en haut lieu que la rébellion était d’inspiration « monarchiste » ou « impérialiste », très rapidement il s’avérait que les rebelles n’étaient autres que des « nationaux » animés de la haine la plus abjecte et des étrangers « mulélistes »… En réalité, les « nationaux » révoltés appartenaient à l’ethnie Hutu qui venait de se soulever avec l’aide des « mulélistes », zaïrois dissidents du clan Soumialot, réfugiés en Tanzanie. Car tandis que leurs frères du Ruanda ont réussi à arracher le pouvoir dès l’indépendance, en 1959, les Hutu burundais malgré leurs multiples tentatives n’ont jamais pu se libérer de « l’oppression » tutsi : une fois encore ils viennent d’échouer après avoir massacré nombre de leurs ennemis tout particulièrement en province Bururi.
Mais au génocide de l’ethnie Tutsi a répondu la répression gouvernementale, génocide tout aussi atroce de l’ethnie Hutu.
Des milliers de morts, des milliers de réfugiés, tel serait le bilan de cette monstrueuse guerre civile qui se déroule sous l’œil inquiet de tous les États voisins. Le Zaïre, concerné par ces « mulélistes » semeurs de désordre à l’étranger, plus dangereux encore s’ils revenaient dans leur pays d’origine, n’a pas hésité à mettre à la disposition du colonel Micombero une compagnie de parachutistes, des avions et des munitions. La Tanzanie, qui abrite de nombreux Hutus exilés depuis la révolte avortée de 1965, et où selon des rumeurs, se trouveraient des camps d’entraînements de rebelles animés par des instructeurs chinois, a paru gênée par les événements. Le petit Ruanda enfin, où se posent des problèmes raciaux identiques, a ressenti les malheurs du Burundi comme une sorte de drame de famille.
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Le colonel Micombero sort vainqueur de cette terrible crise mais les effets de celle-ci seront durables et le Burundi ne retrouvera que lentement un équilibre sérieusement compromis. Sur le plan intérieur, toutes les oppositions de gauche et de droite ont démasqué leurs batteries et sont, par conséquent, plus vulnérables ; chez les Tutsis les royalistes ont perdu leur chef et les progressistes, pour avoir voulu pousser trop loin leurs avantages, ont forcé le chef de l’État à manifester sa détermination en usant de la force ; du côté des Hutus, on rumine la défaite en pensant qu’il faudra des années avant de retrouver l’occasion favorable pour secouer le joug de la caste privilégiée.
Dans les deux camps on panse les plaies mais la haine rallumée au cours des affrontements sauvages de ce sanglant mois de mai, flambera longtemps encore au cœur des frères ennemis. Sur le plan national, il semble qu’à l’heure du choix le colonel Micombero, échaudé par le progressisme local et méfiant à l’égard du socialisme tanzanien, ne devrait pas se laisser entraîner, vers l’Afrique orientale et l’océan Indien, mais se tourner davantage vers l’Afrique centrale avec laquelle le Burundi est uni par des liens noués lors d’une colonisation commune et par un réseau d’intérêts économiques et culturels dont dépend en grande partie son avenir.
Madagascar : la crise de mai
Depuis son accession à l’indépendance, Madagascar connaissait une existence relativement calme. Brutalement, en mai dernier, quelques journées d’agitation estudiantine et d’émeutes ont violemment secoué la capitale et le pays au point d’ébranler le régime.
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La motivation de la crise paraît troublante dans sa bénignité : une grève des étudiants de l’école de médecine et de pharmacie désireux d’obtenir l’équivalence de leur titre avec le diplôme délivré par la faculté. Mais en réalité les origines profondes de la crise remontent loin dans le temps. Déjà en avril 1971, le gouvernement du président Tsiranana avait eu à réprimer des troubles organisés par le Mouvement national pour l’indépendance de Madagascar, et dus, semble-t-il, davantage à la misère des populations du Sud et à la carence de l’administration locale plutôt qu’à la volonté délibérée de s’insurger contre le gouvernement et le régime. Quelques semaines après, éclatait « l’affaire Resampa ». En juin, le chef de l’État faisait arrêter celui qui avait été jusqu’alors ministre de l’Intérieur et secrétaire général du Parti social-démocrate, l’accusant d’avoir préparé une conspiration pour s’emparer du pouvoir. Enfin en octobre 1971, était découvert un autre complot, dit « des maoïstes », qui entraînait de nouvelles arrestations. Tous ces événements, apparemment sans grande importance politique puisque le président Tsiranana était réélu avec 97 % des suffrages en janvier 1972, avaient cependant entamé le mythe d’une République malgache sans histoire et affecté sérieusement la cohésion du parti majoritaire.
Au même moment, à Madagascar comme dans la plupart des pays africains en voie de développement, le gouvernement devait faire face à une conjoncture économique difficile, régler le problème de l’emploi et affronter un monde étudiant concentré dans la seule ville de Tananarive. Rien d’étonnant que, dans ces conditions, les simples revendications de quelques étudiants aient pu dégénérer en grève générale de toute une jeunesse insatisfaite de l’avenir qu’on lui proposait.
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Après l’arrestation le 12 mai 1972 de « 400 meneurs », la manifestation des jeunes grévistes tourne à l’épreuve de force avec le gouvernement.
Les 13 et 15 mai, des heurts violents se produisent entre contestataires et forces républicaines de sécurité et font plusieurs dizaines de morts et de blessés.
Dès lors que le sang coule la situation prend une tournure tragique et les événements se précipitent. Des dizaines de milliers de personnes affluent vers Tananarive. Les rues de la ville sont envahies par les manifestants, étudiants, ouvriers et autres qui acclament l’armée et réclament le départ du président Tsiranana.
On peut craindre alors que de vieilles rivalités ethniques, entre les Merina vivant sur les hauts plateaux, et les autres habitants de la Grande Île, n’enveniment l’affaire en provoquant des affrontements, non seulement à Tananarive mais en province.
Le 18 mai le président Tsiranana, après avoir dissous le gouvernement, confie le poste de Premier ministre et donne les pleins pouvoirs au général Ramanantsoa, chef de l’état-major de l’armée malgache ; celui-ci met sans tarder les choses au point en déclarant que Tananarive ne représente pas tout Madagascar et qu’il convient d’admettre le maintien du président Tsiranana à la tête de l’État.
Désormais tout rentre rapidement dans l’ordre et le colonel Ratsimandrava, nouveau ministre de l’Intérieur, n’a pas à intervenir.
Après plusieurs jours de consultations, le général Ramanantsoa fait connaître le 27 mai la liste de son gouvernement. Composée de quatre militaires et de six civils, choisis en fonction de leurs qualités de techniciens, la nouvelle équipe traduit le souci du général Ramanantsoa de maintenir l’unité nationale par un judicieux équilibre ethnique, de mieux contrôler les responsables ministériels dont le nombre est ramené de vingt à dix, de s’engager dans une politique d’austérité en donnant l’exemple au sommet par une réduction sensible des portefeuilles et des faveurs qui les accompagnent. Les orientations politiques du gouvernement n’ont pas encore été dévoilées mais l’on sait que la priorité absolue est donnée aux questions économiques et sociales.
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Le fait que le général Ramanantsoa ait reçu le pouvoir des mains du président Tsiranana au moment même où les manifestants lui demandaient de le prendre est significatif. Contrairement à ce qui se produit fréquemment en Afrique, il n’y a pas eu de coup d’État à Madagascar et le gouvernement actuel est légitime. Actuellement, il a le vent en poupe et bénéficie, sur place comme à l’étranger, d’un préjugé favorable dans la mesure où, étant apolitique, il inspire confiance.
Dirigé par un homme fort et sage à la fois, il devrait pouvoir satisfaire, du moins partiellement, les besoins de la jeunesse et du monde du travail, résoudre les problèmes financiers et économiques les plus urgents, et maintenir fermement l’unité nationale. Pour atteindre ces objectifs il lui faudra œuvrer, selon la propre expression du général Ramanantsoa, « vite mais avec prudence ».
La grande chance de Madagascar, est, sans doute, d’avoir trouvé, au moment crucial de la crise, une armée unie, disciplinée et populaire qui a fourni l’homme de la situation et les élites indispensables à la survie de la République malgache. ♦