Institutions internationales - Le renforcement du Fonds monétaire international (FMI) - La crise de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) - Unité du Maghreb
L’évocation de certaines dates peut permettre des rapprochements, mais ils restent superficiels parce que les situations historiques ne se représentent jamais en termes identiques. Il y a eu 50 ans le 30 janvier 1933, Adolf Hitler devenait chancelier du Reich : c’était, sinon le début, du moins un moment extrêmement important d’un processus qui devait aboutir à la Seconde Guerre mondiale. Il y a eu 40 ans le 31 janvier 1943, la VIe Armée allemande du maréchal von Paulus devait capituler à Stalingrad : cette défaite ouvrit une nouvelle phase de la guerre, qui se conclut en Europe avec la chute de Berlin le 2 mai 1945 et la capitulation du IIIe Reich le 8 mai 1945 à Reims.
Si le deuxième événement ne peut être projeté dans l’actualité, le premier peut inciter à une réflexion sur les causes d’un conflit, car la crise économique a joué un rôle important dans l’aggravation des tensions. Or, la crise présente ne cesse de s’aggraver, et ses répercussions sociales, ainsi que les risques qu’elle comporte pour le Système monétaire international et pour la liberté des échanges, conduisent certains observateurs à se demander si elle ne débouchera pas sur l’effondrement des structures bâties en 1945. L’inquiétude est d’autant plus vive que dans ce climat de crises certaines tensions politiques s’aggravent, elles aussi. En 1954, parmi les adversaires du projet de CED (Communauté européenne de défense), figuraient des hommes qui craignaient une résurgence du militarisme allemand, et certains d’entre eux se dressèrent contre les accords de Paris qui, le 23 octobre 1954, firent de la RFA (République fédérale d’Allemagne) un membre à part entière de l’Otan. Aujourd’hui, la crainte est celle d’un glissement de cette même RFA dans un neutralisme qui affaiblirait considérablement la sécurité européenne. La célébration du vingtième anniversaire du traité franco-allemand du 22 janvier 1963 a été l’occasion, pour le président Mitterrand et pour le chancelier Kohl, de rappeler les exigences de cette sécurité, mais il serait très surprenant que les Soviétiques renoncent à leur campagne contre le projet d’installation d’euromissiles. Aussi, le maintien de la tension au Liban (où le mandat de la force internationale a été renouvelé) et l’accord des membres de la CEE (Communauté économique européenne) sur la pêche passent au second plan.
Le renforcement du FMI
Certains milieux financiers considèrent que nous sommes tous assis sur une bombe à retardement. C’est que le monde vit à crédit. Le trou est devenu monstrueux : plus de 700 milliards de dollars, soit près de mille francs de dette par habitant de la planète. Certains pays en sont à s’endetter pour payer leur dû. Aux Philippines, dit-on, plus de 70 % des nouveaux emprunts servent à rembourser les précédents. D’autres pays renoncent : la Roumanie a ainsi annoncé qu’elle suspendait, jusqu’à nouvel ordre, le remboursement de sa dette. Le système bancaire est donc au bord du gouffre. De 1973 à 1981, la dette du bloc de l’Est est passée de 7 à 80 milliards de dollars, celle des pays en voie de développement de 97 à 425 Mds $. À la fin de 1982, celle-ci culminait à 626 Mds $ : ce sont des sommes que les banques occidentales ne sont pas sûres de récupérer, car beaucoup de pays endettés sont insolvables. Les malheurs des pays du Tiers-Monde ont débuté avec le premier choc pétrolier, en 1973. Pour honorer leur facture énergétique, ils sont alors contraints d’emprunter, alors que les banques occidentales reçoivent d’énormes placements des pays de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Avec le deuxième choc pétrolier, en 1979, les pays en voie de développement doivent s’endetter davantage encore. C’est alors qu’entre en scène Paul Volcker : il déclare la guerre à l’économie d’endettement qui est en train de relancer l’inflation partout, et d’abord aux États-Unis. Monétariste, le directeur de la FED (Federal Reserve) diminue le volume des liquidités qu’il distribue aux banques américaines. L’argent devient rare, donc cher, les taux d’intérêt s’élèvent, et c’est la récession. La faillite menace aujourd’hui plusieurs géants de l’industrie américaine. Les pays les plus pauvres subissent les conséquences de cette situation : leurs exportations vers les États-Unis et l’Europe sont en baisse, cependant que les cours des matières premières chutent. Les dépenses excessives et les achats d’armements n’arrangent rien. Manquant de cash, le Tiers-Monde est contraint d’emprunter encore pour payer les intérêts du prêt précédent. Tel est le cycle infernal où se débattent une quarantaine de nations.
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