Institutions internationales - L'Europe occidentale doit-elle financer l'essor de l'URSS et du Tiers-Monde selon les modalités actuelles ?
Depuis le 25 octobre 1988, le Conseil de l’Europe compte un vingt-deuxième membre : Saint-Marin. Quelle importance, voire quelle dérision à l’époque des superpuissances ! Nous faudrait-il pour autant mépriser les clins d’œil de l’histoire ? Que la république de Saint-Marin, devenue gibeline par animosité envers les Malatesta, gibeline c’est-à-dire favorable au Saint Empire, ait attendu si longtemps pour s’insérer dans le courant européen est pour le moins surprenant. Sans doute faut-il y voir un effet de la longue suprématie des communistes au sein de son gouvernement. Voici que Saint-Marin a renoué avec sa tradition séculaire. Clio apparaît moins incohérente.
Peut-on en dire autant de l’Europe des communautés ? Dans le Times du 25 octobre 1988 Mme Thatcher accuse la Commission de vouloir multiplier les contrôles « nombre de pays européens ayant un mode de pensée socialiste ». Quelques jours auparavant M. Michel Rocard, lors d’un colloque au Sénat, admettait qu’il nous faudrait bien tenir nos engagements, même les « plus sots », allusion à la baisse ou à l’uniformisation de la Taxe sur la valeur ajoutée. À ces diatribes s’ajoute l’impossibilité pour la Communauté économique européenne (CEE) de fixer une attitude commune envers les pays de l’Est et notamment à l’égard de l’Union soviétique. La politique de M. Gorbatchev doit-elle être prise au sérieux, comme l’affirmait en février 1987 le chef de la diplomatie ouest-allemande, M. Dietrich Genscher ? La République fédérale d’Allemagne (RFA), l’Italie et la France en sont d’accord, ce qui n’est guère l’avis de la Grande-Bretagne. M. Léo Tindemans a élaboré un document destiné au sommet européen de Rhodes, début décembre. L’idée d’organiser une conférence internationale sur les droits de l’homme en trois phases ne devrait pas entraîner d’objections majeures sur le fond mais l’Angleterre s’oppose à ce que la réunion finale se tienne à Moscou comme on l’envisage. Du coup le projet devient fort problématique.
Soucieuse d’être acceptée comme un partenaire économique crédible, l’Union soviétique multiplie les initiatives propres à convaincre l’Occident de sa volonté de changement : annonce d’une prochaine libération des détenus politiques, décision prise par le bureau politique de rendre progressivement le rouble convertible, réaffirmation de la candidature soviétique au General Agreement on Tariffs and Trade (GATT), démarches en vue d’adhérer au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale, main tendue à la CEE… Dans l’immédiat le succès de Moscou est d’avoir séduit les banques occidentales.
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