• « Technologie militaire et recherche économique » ; La Recherche, octobre 1988. Cet article a été écrit par deux chercheurs du Science Policy Research Unit de l’Université de Sussex en Angleterre, Mary Kaldor et William Walker. Pour eux, après la Seconde Guerre mondiale, les forces armées sont devenues de grosses consommatrices d’électronique, mais depuis vingt ans ce secteur est un élément clé du développement de l’économie civile. Leur propos est d’étudier les relations réciproques entre le civil et le militaire dans l’établissement de nouveaux modèles de production, de consommation et de relations sociales.

Ils tentent d’abord d’évaluer la capacité d’innovation d’un pays développé en prenant comme indicateur les résultats de son commerce en produits industriels. Ils constatent la domination presque totale des Japonais pour les biens de consommation électroniques (seul Philips serait concurrent) avec des produits haut de gamme et des parts importantes de marché dans tous les secteurs de l’électronique civile. Ce sont eux qui, actuellement, déterminent l’évolution de l’innovation dans ce domaine.

Pour le secteur militaire, les deux auteurs de l’article constatent qu’il est très difficile d’arriver à des résultats comparables. Le commerce des armes n’est qu’un très faible pourcentage du commerce international. Il est influencé par des facteurs politiques. Les investissements visent à la satisfaction des besoins nationaux, la France exceptée (?). Les parts de marché ont peu varié depuis vingt ans. Certains soutiennent que la recherche militaire détourne des ressources rares et ralentit la croissance, mais cette thèse est difficile à prouver. L’économie civile profite des retombées militaires, aucune évaluation précise n’est possible. Cependant la défense dépend de plus en plus d’innovations venant du civil. Il s’agit de savoir si l’effet des dépenses militaires favorise ou freine l’assimilation et la diffusion des nouvelles techniques et des nouveaux modes d’organisation.