Le drame de l’Asie. Enquête sur la pauvreté des Nations
Sous ce titre, il s’agit en fait d’une réédition abrégée de l’ouvrage de Gunnar Myrdal paru en 1968. Seth King résume ici le texte original qui comporte 2 300 pages et demeure un document de référence sur les problèmes de développement économique en Asie du Sud-Est. Il s’agit donc d’une version destinée au « grand public » et aux lecteurs non spécialisés de l’œuvre originale de Myrdal.
Celui-ci analyse les causes du retard économique des pays du Sud-Est asiatique et les moyens d’en sortir. Dégageant de l’analyse de la réalité économique des pays concernés les principes de base du sous-développement, il propose un modèle de planification qui ne serait ni celui des pays socialistes ni celui des pays capitalistes.
Étudiant dans ce but les expériences de planification tentées jusqu’à présent (en Inde par exemple), il montre qu’elles ne constituent en fait qu’un effort pour résoudre le problème de l’inégalité et c’est ce qui expliquerait la faillite des politiques de réforme.
Parmi les obstacles ou développement, Myrdal retient également la corruption, dont il fait une analyse minutieuse et où il voit la cause des chutes des gouvernements qui ouvrent la voie aux régimes autoritaires.
Le taux trop élevé de la croissance démographique et le chômage (ainsi que le sous-emploi) constituent également des « conditions d’utilisation de la main-d’œuvre » qui rendent particulièrement difficile une « attitude face au travail et à la vie » susceptible de faire sortir les pays du sous-développement.
Car l’analyse de Gunnar Myrdal repose sur l’idée centrale que les conditions du développement économique sont sociales et que le développement est un « mouvement ascensionnel de tout le système social ».
Pour résoudre alors le problème du sous-développement, il préconise une « approche institutionnelle » qui repose sur la planification accompagnée de mesures visant à mettre fin à la stratification sociale exagérée et à susciter la participation, ce dernier point étant, selon lui, beaucoup plus difficile que dans les pays occidentaux.
S’il est exact qu’il s’agit là d’une œuvre magistrale, il serait exagéré d’affirmer qu’elle n’applique pas aux pays sous-développés les « concepts occidentaux ».
Si l’analyse du sous-développement est menée avec minutie et objectivité, l’approche nous paraît typiquement occidentale, si ce n’est américaine : instaurer l’ordre, la discipline, abolir les superstitions, réveiller les « États mous ».
Il n’en demeure pas moins que grâce à cette réédition, l’ouvrage de Myrdal est devenu accessible à tous. Enfin, bien que datant de 1968, il n’est pas dépassé et mérite bien d’être à nouveau commenté et utilisé. ♦