Les ondes et les hommes
Le mérite de l’auteur, connu dans la Marine nationale pour avoir, en 1919, dirigé autour du monde la mission hertzienne de l’Aldébaran, et dans la littérature pour ses romans maritimes, tels que Seul Maître à bord, que couronna, en 1939, le jury de la « Renaissance » – ce mérite est grand d’avoir tenté en 300 pages une aussi vaste synthèse : en fait, il eût fallu au moins deux tomes. Il n’en faudrait pas moins, sans doute, pour les discussions qu’il va sans doute susciter. Car, non seulement tous problèmes y sont traités, et fort clairement, mais tous les grands organismes de la Nation y sont mis en cause, la Défense Nationale, entre autres. C’est que, si cette simple question : « Branly fut-il l’inventeur de la TSF ? » a été de nature à susciter polémiques, et même procès, quelle portée toute autre a celle-ci : « Notre Défense Nationale a-t-elle tout mis en œuvre pour que la France bénéficiât de cette invention d’origine française : le radar ? »
Bien entendu, l’auteur, ancien officier de Marine, n’a pas manqué de rendre un juste hommage aux travaux de ses camarades. Il n’a oublié ni son maître, le lieutenant de vaisseau Tissot, ni l’illustre savant aux travaux duquel il eut l’honneur de participer, le duc Maurice de Broglie, lui-même ancien officier de Marine. Son admiration va-t-elle aussi loin quand il s’agit des autorités de la télégraphie militaire ? Certes, il rend au général Ferrié et à son principal collaborateur, le colonel Brenot, l’hommage d’un technicien dont les premiers pas ont été guidés par leurs beaux travaux. Il éprouve une satisfaction visible à reproduire les flatteuses appréciations de l’étranger sur le matériel militaire utilisé non seulement par nos armées, mais par nos alliés pendant la Première Guerre mondiale. Mais il ne dissimule pas que notre retard s’était encore accentué en 1939. On en pourra discuter. Mais quiconque participe, de près ou de loin, à la Défense nationale, se doit de lire ces pages vivantes, si documentées, où sont exposés les immenses services rendus à la cause alliée par les radiotechniciens français. Tout ce que le radar a permis, sur terre et sur mer, tout ce que permettront la télévision et le téléguidage est d’un intérêt captivant. Et nous n’aurions garde de passer sous silence l’hommage rendu par l’auteur à l’action clandestine de nos ingénieurs pendant l’Occupation. ♦