L’horizon de la guerre est à nouveau présent dans les esprits. Certes, à une exception près — le Golfe — les unités de l’armée française engagées depuis près de dix ans aux quatre coins du monde ne partent pas « faire la guerre ». Elles « interviennent » ! Il n’en reste pas moins qu’elles sont plongées dans la violence ancestrale : guerres de mouvement ou de position, urbaines ou en rase campagne, dans lesquelles l’archaïque et le bricolage inventif côtoient la haute technologie. La figure du combattant reprend en France quelques lettres de noblesse !

Cependant, que sait-on en France du soldat combattant, de ses conditions de vie dans cet univers clos, cruel et dépouillé que constitue le « front » des combats ? Que sait-on de ce qui fait la force et la faiblesse d’une unité combattante ? Bien peu de choses, car nous n’avons en la matière qu’une connaissance tronquée, faite de récits et de témoignages a posteriori, à partir d’expériences toujours particulières et trop souvent sublimées. Certes règlements et traditions indiquent des normes de comportements individuels et collectifs dictées par l’expérience séculaire du combat, mais leurs sources et leur esprit sont perdus ; ils ne peuvent tenir lieu de connaissance.

Les bibliographies sur les guerres du siècle abondent d’ouvrages qui traitent de considérations générales, de faits historiques, géopolitiques, stratégiques, tactiques. En revanche, si l’on exclut la littérature romanesque, journalistique ou le « souvenir » de guerre, rares sont les travaux qui s’attachent à comprendre ce qui se passe réellement là où des hommes font la guerre et la subissent. Pourtant, les plus connus de ces travaux, réalisés surtout dans les pays anglo-saxons, livrent une connaissance précieuse, dont on voit bien qu’elle fonda, jadis, des principes d’organisation et des traditions propres aux unités combattantes.