La capacité d’influencer sur les opinions et les mentalités est devenue un enjeu stratégique et capacitaire pour notre pays. Face à ces nouvelles menaces, il est nécessaire de renforcer nos moyens particulièrement militaires dans cette sphère de la lutte informationnelle.
L’influence militaire dans la nouvelle pensée stratégique française
Military Influence on New French Strategic Thinking
The ability to influence opinions and mentalities has taken on a strategic and capability dimension for our country. Faced with these new threats, we need to strengthen our capabilities, military capabilities especially, in this sphere of information warfare.
Peu connue du grand public, l’influence militaire rassemble les capacités militaires dites non-cinétiques d’action sur les perceptions et de modification des comportements. La doctrine militaire française y intègre classiquement les opérations psychologiques [1], les opérations d’informations [2], les actions civilo-militaires [3] et une déclinaison dans l’environnement informatique via la lutte informatique d’influence (LII) qui devrait prochainement évoluer en « lutte informationnelle dans le cyberespace » (LIC) [4].
Or, les conflits sont marqués par une augmentation des affrontements dans le champ cognitivo-informationnel soutenus par la montée en puissance de la dimension numérique sous toutes ses formes (réseaux sociaux, vidéos, tweets, etc.). Une réflexion de fond sur un potentiel retour à l’emploi des capacités militaires d’influence était nécessaire. Lors de son audition à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de finances pour 2020, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’Armée de terre (Cemat), marquait sa volonté d’« investir de nouveaux champs : cyber, déception, résistance à la désinformation ou encore meilleure prise en compte de l’influence » [5]. L’Armée de terre s’y prépare activement, que cela soit par l’infovalorisation des systèmes d’armes ou par la simulation d’actions d’influence sur les réseaux sociaux [6].
C’est ainsi un nouveau type de conflictualité qui est apparu. Les sociétés sont soumises, par une guerre de l’information, à un stress permanent de déstabilisation, voire de remodélisation, dans le but de modifier les comportements à l’échelle géostratégique. Et pourtant l’information projetée n’y est qu’un vecteur de coordination des effets d’influence dans le jeu des gouvernements, dans la concurrence et la rivalité des groupes sociaux. C’est dire à quel point l’analyse systémique de l’environnement civil des opérations permet d’amplifier l’impact des approches indirectes.
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