La Guerre antique
La Guerre antique
C’est un très bel ouvrage grand format, superbement illustré, qui nous est présenté par Jean Lopez. La période couverte s’étend sur quarante siècles, de la bataille de Qadesh en 1274 av. J.-C. jusqu’à la chute de l’Empire romain d’Occident. Il regroupe soixante-six articles dispersés en quatre parties, successivement : les guerres et les batailles, les armes et les tactiques, les chefs et enfin les corps de troupe, des immortels persans aux cataphractaires précurseurs de la cavalerie lourde du Moyen Âge.
Lors de la bataille de Qarqar en 853 av. J.-C., l’armée assyrienne alignait 75 000 fantassins, 5 000 cavaliers et 2 000 chars. Six siècles plus tard, on dénombrait 45 000 cadavres en quelques heures sur le champ de bataille de Cannes. Des nombres qui donnent le vertige et ne seront dépassés que sous Napoléon. Ils montrent à quel point la guerre antique avait déjà conduit les États de l’époque à des efforts considérables et démesurés, proches du concept de la guerre totale.
En parcourant cet ouvrage, on est frappé par ce que nous révèle le legs militaire de l’Antiquité. On ne peut certes prétendre que tout y avait été inventé en matière de guerre, mais beaucoup des fondements qui structurent aujourd’hui nos armées, nos stratégies, nos organisations et nos tactiques trouvent un écho premier dans ces antiquités parfois étonnamment modernes. Les ressorts humains qui gouvernent la guerre apparaissent bien pérennes, même si les armes évoluent avec les progrès de la technique. Brocardant la corruption des hommes et celle du langage, dénonçant l’hypocrisie des démagogues et la suprématie des intérêts privés sur ceux de la Cité, l’historien grec Thucydide s’aventure en prophète sur la voie de ce qu’on appelle aujourd’hui la « communication politique ».
Ce bel ouvrage remet également en perspective un certain nombre de clichés plus ou moins mythiques de l’imaginaire collectif. Ainsi, par exemple, les Barbares sont-ils présentés comme des migrateurs et non des envahisseurs. La guerre du Péloponnèse révèle l’importance primordiale des coups de main, des « opérations commandos » où la traîtrise et la rapidité sont essentielles, mais encore une « guerre sale » avec des massacres sans retenue de civils et de prisonniers. Dans un autre registre, Nabuchodonosor n’est pas nécessairement le « monstre » évoqué par les Hébreux dans la Bible.
Le lecteur prendra grand plaisir à consulter La Guerre antique. ♦