Les infrastructures Internet – essentiellement les câbles sous-marins et la 5G – sont au cœur d’une compétition entre les puissances, principalement les États-Unis et la Chine, leurs fournisseurs de technologies et de services. Les États insulaires du Pacifique (EIP) y voient surtout un catalyseur du développement économique et cherchent à trouver un équilibre entre les différents acteurs, tout en préservant leur souveraineté.
Infrastructures Internet en Océanie : Perspectives des États insulaires face à la compétition technologique entre puissances Indo-Pacifique
Internet Infrastructure in Oceania—Perspectives for the Island Countries in the Face of Technological Competition Between Indo-Pacific Powers
Internet infrastructure—essentially underwater cables and 5G—is at the heart of competition between the countries, principally the United States and China, which supply the technology and services. The Pacific Island Countries (PICs) see internet as a catalyst for economic development and look for a balance between the actors involved whilst keeping control of their sovereignty.
Pris dans les tensions entre les deux grands pôles Indo-Pacifique – la Chine versus les États-Unis et leurs alliés – les États insulaires du Pacifique (EIP) voient leurs infrastructures Internet faire l’objet de la compétition stratégique et technologique entre grandes puissances. Depuis les années 2010, les câbles sous-marins sont la cible de cette compétition qui se propage aujourd’hui aux équipements Internet domestiques océaniens. Avec une politique Indo-Pacifique de « troisième voie », la France souhaite incarner une alternative mais peine à s’intégrer dans les dynamiques de coopération (1).
La littérature s’est focalisée sur l’étude de la compétition technologique sino-américaine (2) et son extension (3), notamment relatives aux câbles sous-marins, technologies chinoises (4) ou aux Routes de la Soie (5). Face au manque d’analyse concernant les conséquences de cette compétition sur le développement des infrastructures numériques en Océanie et sur la façon dont les acteurs insulaires se saisissent de ces enjeux, cet article propose d’envisager ces questions (6).
Les câbles sous-marins internationaux, objets d’une compétition entre grandes puissances
En 2017, le gouvernement australien finançait le Coral Sea Cable pour relier Sydney aux Îles Salomon et à la Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) en réaction à la proposition de Huawei Marine de construire un câble reliant Sydney aux Salomon. Dès lors, la compétition entre les deux pôles Indo-Pacifique s’est intensifiée autour des câbles sous-marins du Pacifique Sud. Transportant 99 % du trafic Internet mondial, les câbles sont considérés comme stratégiques en tant qu’outils essentiels au fonctionnement de tous les pans de la société et en tant que vecteurs de risques (espionnage, cyberattaques, sabotages). Camille Morel (7) revient sur les spécificités des réseaux océaniens et sur les mécanismes géopolitiques qui y sont à l’œuvre.
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