Les guerres secrètes de la mondialisation - Guerre économique, guerre de l'information, guerre terroriste
Le général de brigade (CR) Pichot-Duclos possède une riche expérience dans le domaine des relations internationales, des langues et du renseignement. Diplômé en langue tchèque de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), il a occupé les fonctions d’attaché militaire adjoint à Prague, d’officier renseignement à l’état-major de la 1re Armée à Strasbourg et de commandant de l’École interarmées du renseignement et des études linguistiques (Eirel) de 1987 à 1992. Pendant les cinq années passées à la tête de l’Eirel, cet officier érudit a donné une impulsion nouvelle au concept du renseignement national et mis en place les fondements du renseignement interarmées. Une tâche exaltante, mais particulièrement difficile quand on connaît les clivages qui existent entre les différents services et le manque de culture « renseignement » de nombreuses autorités militaires.
Après son départ de l’armée, le général Pichot-Duclos entre au groupe « Défense Conseil International » où il crée un service d’intelligence économique (Intelco). À ce titre, il participe à la rédaction du rapport « Intelligence économique et stratégie des entreprises » publié en 1994 par le Commissariat général du plan. En 1997, il met sur pied l’École de guerre économique au sein de l’École supérieure libre des sciences commerciales appliquées (ESLSCA) à Paris. C’est donc un homme qui croît pleinement aux vertus du renseignement qui s’est lancé dans cet essai d’actualité, un document fouillé qui revêt un intérêt important au vu du développement sauvage de la mondialisation et des nouvelles formes de guerre que le pouvoir politique a beaucoup de mal à maîtriser.
Le tournant du millénaire a en effet vu l’apparition de formes d’affrontements insolites et de types d’acteurs particuliers sur la scène internationale. En une décennie et à la faveur d’une extension des marchés et de la communication à la dimension planétaire, les États, mais aussi les entreprises, auront transformé la concurrence commerciale et les échanges de connaissance en guerre de l’information. Dans le même temps, les notions de territoire et d’institutions seront devenues plus floues avec l’émergence d’organisations non gouvernementales (pas toujours altruistes) et de mouvances criminelles (souvent liées à la drogue, parfois aux extrémismes confessionnels). Des réseaux criminels particulièrement bien organisés qui n’hésitent pas à aller jusqu’aux actions terroristes les plus barbares.
Ces bouleversements profonds des rapports entre les hommes accompagnent étroitement la mondialisation que certains commentateurs veulent peindre de couleurs exclusivement séduisantes. Certes l’ouverture de nouveaux marchés, ainsi que l’accélération des échanges d’informations et des capitaux ont engendré une croissance globale indéniable ; mais l’ampleur et la brutalité sans précédent de ces mutations pas toujours très bien maîtrisées ont provoqué des déséquilibres graves, notamment au détriment des pays les moins avancés. Les riches sont devenus plus riches, et les pauvres encore plus miséreux. Les déshérités sont souvent devenus des désespérés prêts au suicide terroriste comme le montre l’interminable tragédie prévalant au Proche-Orient. Par ailleurs, la guerre du Golfe et les guerres balkaniques ont mis en relief la mise en place d’une pax Americana que l’auteur conteste dans ses objectifs et ses procédés. Une contestation qui vise surtout la mondialisation et ses conséquences que sont la guerre économique, la guerre de l’information et la guerre terroriste. Trois nouvelles formes de conflits que le général Pichot-Duclos examine en détail et pour lesquelles il propose des pistes de réflexion pour mieux les affronter. ♦