Lorsque, le 30 avril 1351, le roi Jean le Bon créait les premiers commissaires des guerres, il ne se doutait sans doute pas que cette institution durerait jusqu’au début du XXIe siècle. Survivance d’un passé révolu résistant encore à une « civilianisation » générale ou voie d’avenir pour une administration militaire rénovée, aujourd’hui les trois commissariats sont assurément à la croisée des chemins de leur histoire. Qu’il s’agisse de la délimitation des programmes de la Loi organique relative aux lois de finances (Lolf) ou plus simplement de la recherche d’une meilleure performance administrative au sein du ministère, la question du regroupement des trois commissariats en un grand service d’administration militaire interarmées est bien d’actualité et devrait retenir toute l’attention des réformateurs.
Plaidoyer pour un commissariat interarmées
Alors que l’informatique générale et les services constructeurs viennent de passer sous la responsabilité du Secrétariat général pour l’administration (SGA) dans le cadre des dispositions préparatoires à la mise en œuvre de la Loi organique relative aux lois de finances (Lolf), il apparaît opportun d’envisager le sort qui pourrait être réservé aux trois commissariats des armées dans un proche avenir. « L’interarmisation » — comprise comme une fusion — des commissariats des armées, dont l’imminence a été aussi souvent annoncée qu’aussitôt démentie, mérite bien quelques réflexions destinées à en justifier le bien-fondé. Qu’une direction de l’administration militaire, placée sous l’égide du Cema, puisse renaître (1) d’un regroupement des trois commissariats ne relève certainement pas de l’utopie et serait de nature à renforcer l’efficacité administrative au sein du ministère.
L’interarmisation n’étant ni une fin en soi, ni un mouvement historique s’imposant de manière inéluctable au réformateur en mal d’idées, il convient de bien établir les raisons objectives conduisant à envisager une fusion des commissariats qui soit bénéfique pour les armées, alors même que le statu quo actuel ou d’autres évolutions, notamment la fusion des corps de commissaires avec les corps d’officiers des armes, peuvent être envisagés. Au-delà de la seule « contagion » d’un vaste mouvement d’ensemble, le plus souvent justifié, les raisons d’un regroupement des trois commissariats apparaissent fondées et peuvent être énoncées succinctement :
- le resserrement du format des armées et la recherche d’économies de moyens qu’il impose naturellement (et il n’est pas difficile de démontrer que, par exemple, dans les domaines de la formation des commissaires ou des approvisionnements des commissariats, la recherche des synergies est encore possible) (2) ;
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