Organisation de la défense de l'Occident - Transports interalliés en Europe de l'Ouest
Si le Commandement, à l’échelon national ou interallié, est sans aucun doute responsable de la satisfaction des besoins logistiques des troupes, il n’en agit pas moins dans un milieu, placé lui-même dans un cadre géographique donné. Lorsque ce milieu possède des moyens considérables, il est normal de les utiliser au profit des armées. Tout emploi d’unités militaires à des tâches qui pourraient être accomplies par des organisations civiles est un gaspillage, et correspond à une diminution du nombre des unités combattantes de l’avant, qui ne seront pourtant jamais assez nombreuses. Simple conséquence du principe d’économie des forces, cette idée prend une valeur particulière en matière de transports, tout au moins dans nos régions d’Europe Occidentale.
Encore faut-il, pour l’appliquer avec succès, mettre au point l’organisation nécessaire en la reliant au Commandement, et la faire connaître parfaitement à ses futurs utilisateurs. Une occasion s’offre à nous de revenir sur une expérience célèbre de la campagne de France de 1944. Nous pensons qu’un tel examen confirmera les idées générales exposées ci-dessus.
Devant l’ampleur de ses besoins et en raison de la pauvreté des moyens français disponibles, le Commandement américain dut organiser, en août 1944, des transports automobiles massifs sur route gardée. Circulant sans répit, entre le 25 août et le 16 novembre 1944, sur les deux itinéraires Saint-Lô—Trappes—Hirson, et Saint-Lô—Trappes—Soummessous, avec retour par une voie spéciale située un peu plus au sud, 5.500 camions G. M. C. déversèrent journellement dans les dépôts avancés un peu plus de 5.000 tonnes de ravitaillements divers. Cette organisation devint fameuse sous le nom de « Red Bail Express ». Un article récemment paru dans la Military Review (1) examine quelles améliorations pourraient être apportées au Red Bail s’il fallait à nouveau le mettre en œuvre dans un conflit futur. Le système proposé, dénommé Speed Bail, est caractérisé par l’emploi de semi-remorques de 10 tonnes, qui permettrait, d’après l’auteur, une économie de personnel de 67 % et une économie de véhicules (d’ailleurs individuellement plus coûteux) de 58 %. Le principe de la route exclusivement réservée au Speed Bail devrait permettre l’utilisation du seul demi-circuit montant de l’ancien Red Bail, pour l’aller comme pour le retour.
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