Les îles Zebayir et Hanish dans le sud de la mer Rouge, sont toujours sans nationalité malgré leur position stratégique. Oubliées volontairement dans le Traité de Lausanne du 24 juillet 1923, qui démembrait l'Empire ottoman, en raison d'un désaccord entre la Grande-Bretagne et l'Italie, elles sont revendiquées aujourd'hui par le Yémen et l’Érythrée qui a pris la succession de l'Éthiopie. Aucune négociation n'est en vue entre ces deux pays. Elles ont fait l'objet, il y a quelques années d'un projet d'internationalisation pour l'établissement de laboratoires multinationaux spécialisés dans les domaines de l'écologie et de la géophysique. Des recherches pétrolières à proximité sont régulièrement entreprises par des groupes multinationaux. L'auteur, grand spécialiste de tous les différends maritimes mondiaux, nous expose cette question avec sa clarté habituelle.
Un foyer de tension en mer Rouge : l'archipel des Zebayir et des Hanish
L’archipel est situé dans l’axe de la partie méridionale de la mer Rouge. La plus grande des îles (Djebel Zukur) est à 80 kilomètres du port yéménite d’Hoddeidah, et à plus de 100 kilomètres du port érythréen d’Assab. L’île la plus orientale est à 30 kilomètres de la côte asiatique, la plus occidentale à 40 kilomètres de la côte africaine.
Cet archipel est constitué par une cinquantaine d’îles, îlots et rochers, dont la superficie terrestre est d’environ 200 kilomètres carrés ; celle de la zone économique exclusive est d’environ 54 000 kilomètres carrés. Les îles principales sont Djebel Zukur (Jazirat Al Zuqûr) (120 kilomètres carrés), la Grande Hanish (Jazîrat Al Hanish Al Kabîr) (68 kilomètres carrés), et la Petite Hanish (Jazîrat Al Hanish Al Saghîr) (7 kilomètres carrés). Il y a en outre 20 îlots entre 0,5 et quelques kilomètres carrés, et une trentaine de rochers isolés. Avant la Première Guerre mondiale, une société française avait construit dans l’archipel trois phares pour le compte de l’Empire ottoman : Djebel Teir et Zebayir dans les Zebayir, et Abu Ail dans les Hanish.
L’archipel est actuellement inhabité et il ne semble pas qu’il ait été habité dans le passé. Il est visité par des pêcheurs, des contrebandiers, des individus en rupture de ban avec les gouvernements des pays riverains, ou même par de simples touristes. L’absence de nationalité et d’autorité facilite tous les projets. Le climat est très chaud et aride, les vents souvent très forts. La végétation arborescente est limitée aux deux îles majeures où on trouve des palmiers « doum » et quelques arbustes épineux. La faune est représentée par des gazelles dans Djebel Zukur. L’archipel est d’origine volcanique récente. La morphologie des cratères sous-marins et subaériens est parfaitement conservée dans presque toutes les îles, dont les plus petites sont parfois formées d’un seul volcan sous-marin avec le cratère envahi par l’eau de mer. À part quelques récifs soulevés, il n’y a pas de roches sédimentaires. Des bandes de sable corallien, accumulé par le vent, font un contraste remarquable avec les coulées de lave et les cratères noirs. Il est peu probable de trouver sur les îles des sources permanentes d’eau douce.
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