Au sommet de Madrid de juillet 1997, les chefs d’État et de gouvernement avaient annoncé leur volonté de réviser le Concept stratégique de l’Alliance élaboré en 1991 ⁽¹⁾, afin que celui-ci soit compatible avec « la nouvelle situation et les nouveaux défis qui existent en Europe sur le plan de la sécurité ». Ce concept attribuait à l’Otan quatre fonctions essentielles : fournir une base indispensable à la stabilité de l’environnement de sécurité en Europe, fondée sur la démocratie et la volonté de régler de manière spécifique les différends et excluant toute intimidation, coercition ou hégémonie d’un État sur un autre ; servir de forum de consultation et de concertation transatlantique ; dissuader toute forme d’agression visant le territoire d’un État membre, et, si nécessaire, défendre ce territoire ; préserver l’équilibre stratégique en Europe. Cette révision a pris place à l’occasion du sommet de Washington du 23 au 25 avril 1999, largement dominé par l’actualité du Kosovo, et au cours duquel les pays membres de l’Alliance atlantique devaient célébrer le 50^e anniversaire de la signature du traité fondateur de l’Organisation.

Du Sommet de Madrid au Sommet de Washington

L’élaboration des documents de Washington a été l’objet d’intenses discussions depuis 1997. « Aux dangers de la guerre froide ont succédé des perspectives plus prometteuses, mais aussi porteuses de défis, ainsi que des opportunités et des risques nouveaux », est-il affirmé dans le préambule du nouveau concept. « Une nouvelle Europe à l’intégration accrue se fait jour, et une structure de sécurité euro-atlantique se développe, dans laquelle l’Otan joue un rôle central ». D’une structure purement défensive, destinée à faire pièce à la menace soviétique sur le continent européen, l’Otan, dont certains prévoyaient la disparition après la dissolution du pacte de Varsovie, s’est transformée, au cours de ces dernières années, en une Organisation multifonctions. C’est ainsi qu’elle fut appelée à la rescousse pour des opérations de maintien de la paix, comme en Bosnie en 1995. Pour la première fois de son histoire, elle a pris la tête d’une opération militaire de grande envergure, la campagne aérienne contre l’ex-Yougoslavie, dont l’issue est jugée par tous comme déterminante pour le sort futur d’une Alliance, au sein de laquelle l’affirmation de « la communauté des valeurs partagées » n’exclut pas l’existence d’intérêts et de points de vue spécifiques, voire contradictoires.

Le nouveau Concept stratégique de l’Otan entérine son ouverture à l’Est. Il enregistre et approuve les efforts des pays du Vieux Continent pour forger une Identité européenne de défense au sein et en dehors de l’Otan. Surtout, il confie à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord une nouvelle mission : la gestion des conflits en Europe.