Revue des revues - L’Espagne et le 11 septembre
Le numéro de septembre 2011 de la Revista española de defensa consacre un dossier spécial au dixième anniversaire des attentats du 11 septembre, permettant ainsi de mieux saisir la position espagnole sur le terrorisme international d’origine islamiste. Cette position est d’autant plus importante que Madrid a été la cible directe du terrorisme djihadiste avec les attentats d’Atocha le 11 mars 2004 (11 M) qui firent 191 tués et des centaines de blessés et qui restent un traumatisme majeur pour la société espagnole. Pourtant, le risque terroriste n’était pas inconnu en Espagne. En effet, le pays a vécu plus de quarante ans avec la menace terroriste basque. L’ETA a en effet causé la mort de 829 victimes depuis 1968. La violence terroriste a donc été une réalité bien présente et vécue de façon dramatique, d’autant plus que l’organisation indépendantiste a sévi dans un pays devenu démocratique et qui a su résister à la tentation d’utiliser les forces armées pour venir à bout des etarras. De fait, la prégnance du terrorisme basque était telle que le gouvernement de José Maria Aznar a attribué à tort à l’ETA les carnages du 11 M dans les premières heures qui les ont suivis, alors que la réalité était tout autre.
Tournée vers ses problèmes intérieurs après la guerre civile, l’Espagne, isolée politiquement, a été à l’écart des grands enjeux stratégiques malgré la présence d’unités américaines sur le sol de la Péninsule à partir de 1953. Les armées, et en particulier l’Armée de terre, avaient une vocation exclusivement défensive et centrée sur le territoire national. De plus, dans le cadre du régime franquiste, les armées constituaient l’un des piliers centraux de l’État et contribuaient au contrôle de la population.
Durant la « transition » politique, de 1975 à 1982, les relations entre le pouvoir politique et le pouvoir militaire, jusqu’alors très autonome car ne dépendant que du général Franco, n’ont pas été simples et ont culminé avec la tentative du coup d’État du 23 février 1981 dont l’échec, imposé par le Roi Juan Carlos, a définitivement établi la démocratie. Le choix d’adhésion à l’Otan, confirmé par référendum en 1982, a redonné une première cohérence stratégique en inscrivant officiellement la politique de défense nationale dans le cadre de la défense occidentale. Simultanément, l’entrée dans les institutions européennes a permis à l’Espagne de retrouver une place importante et reconnue sur la scène internationale.
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