Histoire de la Fonderie nationale de Ruelle
C’est une œuvre de bénédictin – un bénédictin fort lettré d’ailleurs – qu’a entreprise l’ingénieur général du cadre de réserve de l’artillerie navale Pierre M. J. Conturie, qui rendit tant d’éminents services à la défense nationale au début de la dernière guerre. Il a entrepris, en trois parties, une étude de l’histoire de la fonderie de Ruelle et des anciennes fonderies de canons de fer de la Marine.
La première partie, qui s’étend de 1750 à 1855, ne compte pas moins de 512 pages et comporte de nombreuses illustrations, photographies et reproductions de documents. Ruelle, avec le laboratoire central de Paris et son annexe de Sevran-Livry, est l’établissement le plus important hors des ports de l’artillerie navale. Il est chargé de la fabrication des canons, affûts, projectiles, douilles, éléments divers du matériel d’artillerie, ainsi que des études le concernant. On ne s’attendrait guère à voir un pareil organisme fonctionner dans la banlieue d’Angoulême, sur le bord de la paisible Touvre. Il ne faut pas oublier que le débit de cette rivière ne s’écarte que rarement de celui qui correspond à une puissance de 270 CV. Or c’était, à l’époque du traité d’Aix-la-Chapelle, une énergie considérable. Elle suffisait encore, cent ans plus tard, à faire mouvoir tous les engins de l’usine, qui occupait à plein-emploi quatre cents personnes. Les minerais et fontes, bases de la fabrication des canons avant l’introduction de l’acier, provenaient surtout du Périgord. Et jusqu’en 1855 ces bouches à feu en usage dans la Marine consistaient uniquement en canons à âme lisse, se chargeant par la bouche.
Avec l’histoire de Ruelle et celles d’Indret, du Greusot, de Liège, de Saint-Gervais et de Nevers, l’ingénieur général Conturie révèle avec autant de talent que de science historique un des aspects les moins connus de l’ère qui précéda en France celle du grand essor industriel moderne. ♦