La vision stratégique de l'Armée de terre

"Les nombreuses crises aux portes mêmes de l’Europe le confirment, nous arrivons à la fin d’un cycle de vingt ans durant lequel l’effort des armées occidentales s’est concentré sur le combat contre le terrorisme militarisé. Les conflits asymétriques se poursuivront très certainement, mais des affrontements plus durs doivent désormais être envisagés. Nous devons nous y préparer."
Durcir l’Armée de terre - Thierry Burkhard - p. 5-10
L’Armée de terre sera confrontée à des conflits durs et exigeants. Il faut pour cela anticiper et se préparer à affronter un adversaire puissant et déterminé. Cela implique une exigence accrue pour nous renforcer tant qualitativement que quantitativement et donc rehausser notre niveau d’efficacité, en s’appuyant sur des soldats aguerris, bien équipés, mais aussi capables de s’adapter à des conditions d’engagement en mutation permanente.
Les nombreuses crises aux portes mêmes de l’Europe le confirment, nous arrivons à la fin d’un cycle de vingt ans durant lequel l’effort des armées occidentales s’est concentré sur le combat contre le terrorisme militarisé. Les conflits asymétriques se poursuivront très certainement, mais des affrontements plus durs doivent désormais être envisagés. Nous devons nous y préparer. Lire la suite
La haute intensité redevient la norme des affrontements actuels et nécessite une réponse appropriée de la part de nos forces. Le modèle actuel reposant sur la qualité, mais avec des quantités réduites pour des questions de coût, est désormais fragilisé. Il est nécessaire et urgent de remonter en puissance et de conserver notre cohérence opérationnelle.
La fin de la guerre froide et l’émergence d’un « moment unipolaire » américain, auquel s’est rattachée la plupart des puissances occidentales, ont permis un temps de faire entrevoir la perspective d’une réduction importante de la belligérance. Non pas que la violence organisée ni même l’incidence des conflits armés aient disparu – les guerres civiles et crimes de masse des années 1990 ont témoigné de la vivacité du phénomène, tout autant que les campagnes de lutte contre le terrorisme des années 2000. Cependant, la configuration de l’ordre mondial au cours des trois dernières décennies n’en a pas moins paru sonner le glas des « guerres majeures » (1) – un terme naturellement sujet à débat, mais qui renvoie aux grandes conflagrations du XXe siècle et à la menace de celles de la guerre froide. Lire la suite
Les évolutions doctrinales en cours, notamment aux États-Unis et en Russie, démontrent de nouvelles ambitions accélérant le rythme de la manœuvre et la synergie entre les domaines. Les opérations de demain seront plus complexes et exigeront des architectures dynamiques, avec des outils numériques puissants. La France doit s’inscrire dans cette perspective.
Depuis une décennie, le retour d’une guerre majeure structure la pensée des puissances militaires de premier ordre. Pour vaincre, il faudra dans une logique stratégique classique produire des effets décisifs par la manœuvre. Toutefois, celle-ci devra s’accommoder de deux variables : la maîtrise opérationnelle du second âge des technologies numériques (IA, robotique, etc.) et la capacité à outrepasser les nouvelles formes d’attrition résultant de la multiplication des capacités adverses de déni d’accès et d’actions indirectes dans la profondeur. Une refonte doctrinale au sein des grandes puissances est donc en cours, avec en tête les États-Unis et la Russie, pour déterminer les voies et moyens nécessaires à la restauration de la liberté d’action. Lire la suite
Le combat n’a jamais cessé d’évoluer. Le retour de la haute intensité et l’émergence des technologies amènent à réfléchir au profil nécessaire pour le chef tactique. Cette question est essentielle, car elle est déterminante pour la réélection et la formation de ceux qui auront à commander face à l’ennemi sur le terrain ; le chef de demain sera confronté au chaos. Synthèse du colloque du Centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC) de l’Armée de terre.
Le 6 février 2020, l’École militaire a accueilli le colloque annuel de la pensée militaire, sur le thème « Face à la haute intensité, quel chef tactique demain ? ». Tout comme les précédentes éditions, ce colloque s’inscrit dans le mouvement de renouveau de la pensée militaire au sein de l’Armée de terre, voulu par le CEMAT, insufflé par le Centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC) et son directeur, le général de division Michel Delion. Mme la députée Françoise Dumas, présidente de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, le général d’armée François Lecointre, chef d’état-major des armées (CEMA), et le général de corps d’armée Bernard Barrera, major général de l’Armée de terre (MGAT), ont honoré par leur présence cette quatrième édition. Lire la suite
La crise sanitaire a démontré de nombreuses fragilités dans le fonctionnement de notre pays. Les armées ont apporté une contribution non négligeable pour remédier à des déficiences constatées et renforcer la résilience globale. Celle-ci devra être renforcée, notamment dans sa dimension militaire, les armées devant retrouver plus d’autonomie stratégique.
La crise du coronavirus a créé un effet de surprise et imposé des mesures fortes. Comment s’adapter à cette pandémie au quotidien ? De l’avis de tous, elle met notre résilience à l’épreuve. Pour autant, elle reste à un niveau de dangerosité inférieur à des maladies comme la fièvre Ebola ou la variole : quelles mesures supplémentaires devrions-nous prendre face à une maladie plus grave ou face à une autre crise simultanée ? Imaginons un instant qu’elle s’accompagne d’attentats meurtriers, de troubles majeurs à l’ordre public entretenus par des campagnes de fausses nouvelles, tandis que des cyberattaques désorganiseraient les hôpitaux… Lire la suite
La compétition militaire se durcit, y compris dans les espaces maritimes, qu’ils soient dans des eaux chaudes comme la Méditerranée ou l’océan Indien, ou dans les eaux froides de l’Atlantique Nord. Cela oblige à revenir à des fondamentaux du combat en mer et retrouver des savoir-faire un peu négligés. Il faut redevenir combatif.
Le temps change. L’anticyclone des dividendes de la paix s’éloigne et l’horizon se charge progressivement de nuages sombres : le délitement accéléré de l’ordre international, l’affirmation de souverainetés désinhibées et l’obscurcissement des espaces informationnels sont l’écume d’un accroissement des rapports de force qui se cristallise notamment dans les espaces libres, où les frontières sont difficiles à surveiller et la réglementation difficile à appliquer – quand elle existe. Lire la suite
Le combat aérien à l’horizon 2035 - Frédéric Parisot - p. 49-54
Le temps où les puissances occidentales avaient l’ascendant dans la troisième dimension est désormais révolu. Le combat aérien à l’horizon 2035 sera plus polymorphe, plus complexe et plus exigeant. Il faudra également augmenter la capacité à durer tout en renouvelant différentes composantes dont le système au sol nucléaire.
Dès la Première Guerre mondiale, l’expérience, les possibilités offertes et l’évolution rapide des caractéristiques de l’ensemble des moyens employés ont conduit à poser les fondements des missions qui définissent une force aérienne. Cela a d’abord été la reconnaissance pour observer les manœuvres adverses, tandis que la chasse cherchait à dénier à l’adversaire cette capacité. Le bombardement a permis de porter le feu dans la profondeur du dispositif adverse, et le transport d’acheminer très rapidement des moyens. L’action aérienne se fonde toujours sur ces quatre missions liées aux caractéristiques propres du milieu aérien. Lire la suite
Préparer les armées exige de réfléchir aux menaces du futur et d’essayer d’y apporter une réponse. Cela nécessite aussi de penser différemment et de sortir de schémas classiques d’amélioration des systèmes actuels. D’où l’idée de recourir à la pratique du Red Teaming obligeant à imaginer des futurs décalés et remettant en cause nos certitudes intellectuelles tout en bousculant certaines pratiques institutionnelles.
« Il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. »
Francis Blanche Lire la suite